IL Y A DE L'EAU DANS LE FIOUL
Il y a eu d'abord Erika.
Il y a maintenant Nicolas.
Les histoires de gazole et les pêcheurs, c'est une longue histoire d'amour... Triste paradoxe de ce métier qui est tant tributaire des cours du baril et qui fait ainsi vivre le Dieu pétrole en participant largement à la chaîne...
Mais trop c'est trop. Les pêcheurs viennent de mettre en place des blocus routiers sur les régions de Brest, Douarnenez, Lorient. C'est la panique. Les gens courent les stations services, où l'essence est rationnée : 30 euros par voiture - quand il en reste. Impossibilité de faire le plein avec la carte bleue (pour éviter justement les dépassements du quota). J'ignore si le mouvement va s'inscrire dans la durée, se durcir, mais une chose est sûre dans notre cas : nous n'allons pas céder à la psychose et remplir des jerricans à $100 le baril ! On verra bien.
Mais il est vrai que le conflit risque de durer. D'autant que le gouvernement ne semble pas jouer l'ouverture : " Les gens n'ont qu'à aller au travail en vélo ", a-t'on ainsi entendu dire en substance (j'ai bien dit "dire", peu de chance que la phrase passe à la TV).
Que penser de ce mouvement ? D'un côté, il a ce constat : il est décidément bien difficile de dialoguer dans ce pays. Et les choses ne vont pas visiblement dans le bon sens. On s'éloigne de plus en plus de la culture du compromis chère à nos voisins rhénans.
D'un autre côté, tout le monde semble anesthésié, résigné. A se demander jusqu'à quel point il est possible d'appuyer sur la tête des gens. Les sacrifices, les efforts, c'est bien. Mais faut-il encore qu'ils soient partagés.
Pas sûr que tous les salaires soient indexés sur le pouvoir d'achat présidentiel...
Pas sûr non plus que le souvenir des poignées de main à l'enterrement de Plouescat et des propos tenus il y a quelques mois au Cross Corsen sur les sauveteurs en mer et les Bretons soient ici de nature à apaiser les esprits.
Je crois même que l'arête est un peu restée en travers de la gorge des pêcheurs...