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B u h e z  U r  V a l a f e n n
4 octobre 2011

LES LIGNES REDACTIONNELLES MISES AU DEFI

Au-delà du choix et de la hiérarchisation de l’information (ou autrement dit du traitement dit formel des événements relatifs à la monnaie unique), chaque quotidien économique a dû développer une ligne rédactionnelle sur mesure concernant l’euro, sujet sensible, qui transcende les thématiques (Economie, politique, International...) et, qui plus est, à l’issue incertaine. Difficile de se prononcer sur l’issue de la monnaie unique, sur les conséquences pratiques et financières d’un tel défi. Aucun média n’appelle de vive voix à célébrer ou, au contraire, à enterrer la mise en place future de l’euro. La ligne rédactionnelle tenue par tous les quotidiens économiques se résume à ceci : pas de position tranchée, seulement des appréciations. En fait, c’est dans cette interrogation que réside l’une des problématiques majeures concernant le traitement de l’information : dans quelle mesure celle-ci se prononce-t-elle sur la viabilité de la monnaie unique ? Car si celle-ci se veut par principe prudente – il est toujours très difficile d’établir des prévisions économiques, surtout quand ces dernières sont conditionnées par des décisions politiques – ne cherchant pas ainsi à « mettre en jeu » sa crédibilité, les choix des angles et leur hiérarchie au sein du journal, permet de dégager certaines tendances sur tel ou tel aspect.

Globalement, on constatera ainsi que, lorsque des opinions sont clairement exprimées, elles sont souvent véhiculées par la plume d’un intervenant, qu’il s’agisse d’un universitaire, d’un haut responsable de tel ou tel organisme ou même, à l’occasion, d’un commissaire européen ou d’un responsable politique  français. Citons par exemple Alain Henriot, responsable de la division analyse et prévision du COE, auteur d’un article sur la convergence des économies européennes dans le Figaro économie ; Jean Arthuis, invité à s’exprimer sur les perspectives économiques offertes par l’euro chez Les Echos ; Alexandre Lamfalussy, président de l’Institut monétaire européen (IME) ou une sociologue allemande, Renate Köcher, dans Libération économie.

Croiser le point de vue d'intervenants

Globalement, le Figaro économie a recourt à des intervenants, plus encore que Les Echos ou La Tribune. Un tel choix rédactionnel, encore plus rare chez Libération, ne permet pas toutefois d’établir de corrélations avec la ligne rédactionnelle de chaque journal. Des opinions souvent contraires sont exprimées. Ainsi, Les Echos font coexister, dans la rubrique Idées, différents points de vue radicalement différents, voire opposés : commissaire européen, homme politique de la majorité ou de l’opposition, mais aussi détracteurs, à l’instar de François de Bernard, conseiller financier d’entreprises, auteur de Le Gouvernement de la pauvreté et qui écrit dans les colonnes des Echos du 7 octobre 1996 :  » Une large adhésion à la monnaie unique implique qu’elle ne soit plus présentée comme un diktat (…) Que disent en substance les ministres allemands et français ? Que l’union monétaire sera un grand succès, que les rythmes économiques de l’Allemagne et de la France sont de plus en plus comparables, que les efforts de leur pays leur permettront de remplir tous les critères de convergence stipulés dans le Traité de Maastricht, que les taux de change seront fixés d’une manière irrévocable entre les devises des pays membres remplissant ces critères, que naturellement l’Allemagne et la France seront du lot – sic – (…) Mais si (…) on décode politiquement ce message, on ne peut que être pris de vertige devant son arrogance. »

Les points de vue exprimés par certains intervenants permettent encore moins d’établir des corrélations entre leur choix et la ligne rédactionnelle du journal lorsque l’on considère que de nombreuses analyses purement libérales sont publiées dans les pages Economie de Libération. Néanmoins, il est évident que des journaux comme Les Echos ou La Tribune (qui privilégient l’économique sur le politique ?) n’ont pas la même façon d’aborder la question que Libération et Le Figaro. Ces premiers ne remettent pas en cause la marche des choses. Ils acceptent et se plient naturellement aux réalités économiques.

Libération, en revanche, se plie moins à la réalité des choses, justement. Le quotidien se montre plus critique, à l’instar de l’analyse de Jean-Michel Helvig qui écrit, en page Economie du 7 avril 1997 :  » Si nul ne songe à mettre en cohérence le processus de l’Europe monétaire, de l’Europe sociale et de l’Europe politique, il risque fort de ne pas y avoir beaucoup d’avenir pour la grande idée lancée voici quarante ans à Rome par six pays : trois gros et trois petits.  » Plus que n’importe quelle autre, cette citation résume au fond, à merveille, la ligne rédactionnelle de toute la presse quotidienne économique, de Libé au Fig Eco : la monnaie unique, oui. Mais pas à n’importe quel prix et pas sans certaines conditions. L’Europe n’a de sens que si l’on fixe au préalable des règles du jeu, certes, mais aussi des garanties.

Quatre champs d'investigation se recoupent

L’analyse du traitement de l’information relative à l’euro selon différentes problématiques ou thèmes qui suit, en deuxième partie, permettra ainsi de dégager assez aisément certaines tendances « lourdes » et donc de mieux apprécier la ligne rédactionnelle de tous les quotidiens économiques. On retiendra ainsi quatre champs d’investigation, quatre thèmes majeurs dans lesquels la quasi totalité (1) des articles concernant la monnaie unique peuvent être regroupés :

1. L’état de la construction européenne.

2. Le respect des critères de Maastricht.

3. Le risque d’une Europe à plusieurs vitesses.

4. Les conséquences et les perspectives de l’euro.

____________________________

(1) Sur une sélection d’environ 150 articles publiés entre octobre 1996 et mai 1997, seuls trois articles (deux du Figaro économie et un de Libération Economie) échappent à cette nomenclature : le premier, publié dans Le Figaro économie du samedi 8 et dimanche 9 février 1997 argumente qu’un dollar fort est dans l’intérêt des Etats-Unis face à l’euro ; le second, publié dans ce même journal le 13 février 1997, énumère les exemples d’unions monétaires réalisées en Europe depuis 1848 ; le troisième, publié le 25 mars 1997 dans les colonnes de Libération, dresse une rétrospective non exhaustive sur la construction européenne à l’occasion du cinquantième anniversaire du Traité de Rome.

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