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B u h e z  U r  V a l a f e n n
4 octobre 2011

DE L'INDEPENDANCE DE LA BANQUE CENTRALE

En quoi et de quelle manière la presse quotidienne économique se prononce-t-elle au sujet de l’euro ? En analysant précédemment le traitement de l’information privilégié, en quatre grand thèmes, de nombreux constats ont pu être dressés, tant par la nature des changements qui attendent l’Union européenne (modification des institutions, élargissement de l’Europe, choix des pays retenus pour la première phase de l’union monétaire en 1999) que par la nature des relations entre les Etats membres ou encore par l’évaluation des incidences probables de l’euro sur l’ensemble des économies européennes. En émettant certains jugements, plus ou moins explicitement, la presse quotidienne économique s’accorde ainsi sur une série d’enseignements et sur plusieurs conditions nécessaires à la réussite de la monnaie unique.

En revenant longuement sur la faible pertinence d’une indépendance totale de la Banque centrale, le Figaro économie a bel et bien exprimé tout haut un sentiment partagé par l’ensemble de la presse économique française (article précédent). Dans l’édition des 15-16 avril 1997, la Tribune et Les Echos s’étonnaient déjà de la persistance de rumeurs entre la France et l’Allemagne sur un possible accord consistant à laisser la présidence de la BCE à l’actuel président français du Fonds monétaire international, Michel Candessus. En échange de quoi, l’Allemagne obtiendrait la présidence du FMI. Si Les Echos voient dans cet hypothétique accord une « certaine volonté de domination de l’Allemagne et de la France », La Tribune s’étonne plutôt sur la pertinence d’une telle rumeur, rapportée à l’origine par le Frankfurter Allgemeine Zeitung. D’une part, La Tribune ne voit pas comment la France pourrait décider seule d’une telle nomination à la tête du FMI, d’autre part Paris paraît isolé sur la question de la future présidence de la Banque centrale européenne. Certes, Paris a accepté que le siège de la BCE soit établi à Francfort, en échange de quoi Bonn aurait promis de tout faire pour confier la présidence à un Français… Mais il s’avère aujourd’hui que tous les membres de l’Union, Allemagne incluse, soutiennent la candidature de l’actuel président de la Banque centrale néerlandaise, Wim Duisenberg.

Rappelons qu’en février 1997, le Figaro économie avait déjà rapporté la teneur d’une interview d’un membre de la Banque centrale allemande par le quotidien munichois Suddeutsche Zeitung, qui estimait que la nomination d’un Français à la tête de la BCE était tout à fait impossible !

Le modèle de la Bundesbank contre celui de la Fed américaine

De même, Libération économie s’est étonné de l’intérêt d’une telle institution totalement coupée du pouvoir politique. Plus nuancés, Les Echos restent prudents sur le rôle futur de la banque centrale, mais laissent tout de même sous-entendre que coller au modèle allemand de la Bundesbank n’est pas forcément l’idéal. « Sous la houlette d’Alan Greenspan, cet alchimiste des statistiques, la Fed [surnom de la banque centrale américaine] a réussi à anticiper, par sa politique des taux, l’évolution de la conjoncture, afin de la canaliser et de favoriser un faible taux de chômage sans tensions inflationnistes. La Buba [de Bundesbank, surnom de la banque centrale allemande] se contente, elle, de réagir une fois un renversement de conjoncture pratiquement avéré ! »

Si l’ensemble de la presse quotidienne économique s’avère sceptique concernant l’indépendance de la banque centrale européenne et redoute une trop grande autonomie, à l’instar de la Bundesbank, il n’en reste pas moins que Les Echos, dans son édition du 3 février 1997, livrent également une autre interprétation sur la question. En effet, enquête à l’appui (« Europe : les ambiguïtés de la Banque centrale »), ces derniers affirment même que la Banque centrale allemande ne se désintéresse pas tant que ça de l’évolution de la croissance. La comparaison des courbes des taux d’intérêt allemand d’une part et du taux de croissance de l’économie d’autre part permet d’affirmer qu’elles coïncident parfaitement avec, toutefois, un temps de retard de trois trimestres des taux d’intérêt sur le taux de croissance. « Il y a donc toutes les raisons de croire qu’il en serait de même s’agissant de la Banque centrale européenne », explique ainsi Les Echos, tout en précisant que, de toute façon, rien n’est encore arrêté : « Pour l’instant, l’Institut monétaire européen s’est refusé à trancher. »

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