Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
B u h e z  U r  V a l a f e n n
30 juin 2012

MUSEE DES JOHNNIES, ROSCOFF

 

musée oignon rosé

Johnnies soit qui mal y pense

À Roscoff, l'oignon rosé est comme une seconde peau depuis qu'un cultivateur du pays, Henri Ollivier, est parti à l'assaut du marché britannique, en 1828. C'est que l'idée a fait bien des émules, au XIXe siècle . Pas un port anglais n'a échappé à ces grappes de Roscovites partis écouler leurs récoltes au péril de leur vie. À l'orée du Xxe, ils étaient un bon millier à embarquer avec leur précieuse marchandise pour faire du porte-à-porte dans les villes d'Angleterre, du pays de Galles et d'Écosse, où la culture de la précieuse plante herbacée s'avérait peu adaptée au climat. Les Britanniques surnommèrent très vite ces drôles de marchands bretons, les Johnnies. Plusieurs explications furent avancées à cela : la traduction de Petits Jean, en référence au prénom breton Yann, fort répandu à l'époque, ou la présence de nombreux enfants de petite taille parmi les bataillons de marchands d'oignons. C'est que de la main d'œuvre, il y en avait à une époque où les campagnes du Léon étaient surpeuplées...

La traversée de la Manche en gabarre

Dans une vieille ferme traditionnelle de Roscoff, le musée de la Maison des Johnnies, ouvert en 2003, retrace ces invraisemblables périples de terriens improvisés marins. De nombreuses archives, des films de l'Ina (Institut national de l'audiovisuel), des photographies du début du siècle ou encore des témoignages vidéo font revivre les grandes campagnes outre-Manche. Les Johnnies embarquaient au mois d'août. Henri Ollivier, par exemple, est parti à bord d'une simple gabarre ! La traversée prenait de 18 à 48 h selon les vents. Au plus fort des expéditions, plus de 1 500 Johnnies sont partis à la conquête des Anglais. Ils débarquaient avec leurs grappes d'oignons sur les épaules, puis un peu plus tard à vélo. Direction Penzance, Porthmouth, Southampton, l'île de Wright, mais aussi les côtes galloises et écossaises. Côté Mer du Nord, on en retrouvait jusqu'à Newcastle.

Progressivement, les équipages se sont étoffés et des associations saisonnières se sont constituées autour d'une quinzaine voire d'une trentaine de membres. Ces coopératives avant l'heure se nommaient Pen Polis, Ar Pabor, Ar Bouteger... Elles sillonnaient les îles britanniques jusque dans les terres, comme en témoigne une carte reconstituée par les élèves d'une école de la région. Les Johnnies ont sonné jusqu'au perron des ménages du Midland et des Highlands, devenant même très populaires dans tout le pays. Déjà très malins, les cultivateurs du Léon exploitent judicieusement deux atouts déterminants de l'oignon : son excellente conservation et ses qualités nutritionnelles. L'oignon est riche en vitamine C. Mieux : " il devint l'aliment de base des marins qui partaient plusieurs semaines voire plusieurs mois sans escale, car il permettait de lutter contre le scorbut ! "

Le filon, jugé trop harassant par la génération d'après guerre et soumis à une concurrence plus rude, va s'épuiser à partir des années 50. De nos jours, une quinzaine de Johnnies perpétuent la tradition. Plus de périples au long cours sur de vieilles gabarres. Plus de porte-à-porte à bicyclette. Mais de nouveaux modes de transports maritimes et de nouvelles méthodes de vente : les dignes descendants des Johnnies écument toujours le Royaume-Uni... mais via Internet.

iLa maison des Johnnies et de l'oignon rosé de Roscoff, 48 rue Brizeux, 29680 Roscoff, internet : www.roscoff-tourisme.com

& : Le guide de la Bretagne insolite & relax, extrait

( : Clam.

 


Agrandir le plan

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 475 267
Publicité