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B u h e z  U r  V a l a f e n n
27 novembre 2012

5. LE TÉMOIGNAGE D'UN AGENT DE LIAISON

Le Liziotais Raymond Guillard au service de l'Etat major morbihannais

 

C'est par hasard que Raymond Guillard est entré dans la Résistance, au sein du maquis breton. Agent de liaison dès 1942, le maire honoraire de Lizio est l'un des protagonistes les mieux renseignés, à l'instar de Gilles Possémé, fondateur du musée de la Résistance bretonne de Saint Marcel, de M. et Mme Andersen-Bô et de Joseph Jégo, auteur d'un livre sur la question.

Les premiers faits de résistance du jeune Raymond Guillard, agent de liaison pendant la seconde guerre mondiale, remontent à 1942, à Paris. Des faits qu'il juge « anecdotiques » avec du recul : « J'ai commencé par distribuer des tracts dans les squares et dans les boîtes aux lettres. Je travaillais dans une crèmerie du boulevard Montparnasse chez mon frère, juste en face de l'hôtel de Nice, réquisitionné par la Gestapo.  Dès le mois de février 42, les Allemands avaient porté des soupçons sur moi. » Les Allemands soupçonnent le jeune Breton de Paris d'être à l'origine d'un graffiti sur la neige juste sur le trottoir de l'hôtel de Nice et représentant une croix de Lorraine. Histoire d'être on ne peu plus explicite, à côté, quelqu'un y avait inscrit : « Vive de Gaulle. » En réalité, le jeune Raymond Guillard n'était pas l'auteur de ce message. Les Allemands redoublèrent de surveillance, se mêlant aux files de client à la crèmerie afin d'écouter les conversations. Jusqu'au jour où son frère reçoit une convocation le désignant directement. Décision est prise en réunion de famille de s'enfuir dans la nuit. Le lendemain à 7 h, les Allemands se présentent à la crèmerie, mais, fait imprévu, décident d'embarquer son frère, Emile. Heureusement, ils ne le garderont que trois jours avant de le relâcher sans l'inquiéter.

Une convocation à la Gestapo ou une façon de prévenir ?

« Je me suis toujours demandé si nous n'avions pas bénéficié paradoxalement d'une certaine clémence grâce à l'un d'entre eux qui venait souvent à la crèmerie et qui m'aimait bien. Il n'était pas tellement d'usage de prévenir les gens avant leur arrestation. J'ai toujours pensé que cette convocation était une façon de me conseiller de partir de là... »

Quoi qu'il en soit, décision est prise de rentrer en Bretagne dans l'espoir de partir pour l'Angleterre. C'est le lieutenant de gendarmerie de Ploërmel Théophile Guillo, l'une des chevilles ouvrières du maquis dans la région, qui viendra à lui quelques mois plus tard. « Il paraît que tu veux partir en Angleterre ? », m'a-t-il demandé. Sur le coup, j'ai cru qu'il voulait m'arrêter. En réalité, mon projet lui avait été rapporté par Emile Guimard, »

Le lieutenant Guillo ne lui promet pas l'Angleterre, mais lui propose en revanche de servir de boîte aux lettres avec la capitale. En février 43, Raymond Guillard part de nouveau à intervalles réguliers à Paris. « Je n'en menais pas large. Pour moi, c'était retourner dans la gueule du loup ! » Il lui faudra faire preuve de beaucoup plus de discrétion, rejoignant le domicile de son frère par l'arrière cour. Le frère d'Alain s'investit lui aussi beaucoup au service de la Résistance à sa manière, en hébergeant à partir de cette époque les chefs de la Résistance morbihannaise et bretonne : Valentin Abeille dit Jacques le fantassin, chef régional de la Résistance, le commandant Guillaudot, le colonel Morice (André Chenailler de son vrai nom), le lieutenant Guillo... Raymond Guillard, lui, porte des plis entre la Bretagne et Paris avant de devenir l'agent de liaison du colonel Morice et du commandant Guimard. Il sera des premières missions d'envergure, comme l'opération Cockle (chap. 1 et 2). Réception de parachutages, hébergement d'aviateurs américains, convoiturage, cache d'armes... Les missions deviennent au fil du temps de plus dangereuses. Raymond Guillard est également amené à aider de jeunes Bretons de la classe 42 à s'extraire du STO en Allemagne...

Des nuits à fabriquer des faux papiers... sous la préfecture

Mais Raymond Guillard devient surtout un spécialiste en faux papiers. Il officie sous la préfecture de Vannes même, en compagnie d'un employé complice, André Pain. Ils montent tout deux un véritable service de fausses pièces d'identité en y opérant la nuit : « Le travail était tout bête, il consistait à trouver des cartes de personnes de nos âges et présentant les mêmes caractéristiques physiques (taille, couleur des yeux et du teint de la peau) et à changer les photos d'identité par celles de Résistants. »

Un travail de l'ombre très précieux. « En revanche, je n'ai pas participé à la bataille de Saint Marcel, souligne l'ex agent de liaison. J'étais au poste de commandement de Saint-Aubin quand la décision fut prise d'alerter les commandants de bataillon, mais je n'ai pas été affecté au combat. » Du camp de La Baleine, Raymond Guillard garde le souvenir d'une ambiance de kermesse. Il reste par ailleurs marqué et impressionné par l'intrépidité et la détermination des SAS et parachutistes de la France libre. « De vrais combattants qui ne prenaient pas beaucoup de précautions. C'étaient de véritables guerriers. »

X.E.

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Commentaires
C
Comment, tous les Allemands n'étaient pas tous des salauds ?
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