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B u h e z  U r  V a l a f e n n
4 août 2013

La nouvelle schizonomie

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Guiclan, vendredi, sur la voie express Brest-Rennes. Alors que se profile en octobre 2013 (voire un peu plus tard) la mise en application des portiques et des bornes éco-taxe, instaurés par le Grenelle de l'environnement afin de prélever à chaque passage de poids lourds une taxe sur les émission carbone, un collectif, le Comité de convergence des intérêts bretons (CCIB), a décidé de scier à la meuleuse un portique écotaxe, bloquant la circulation sur la RN jusqu'à 20 heures. Le collectif y voit une entorse à la sacro-sainte gratuité des voies rapides en Bretagne, concession obtenue afin de compenser la position géographique excentrée de la région. Le CCIB invoque notamment le fait que l'écotaxe est sensée financer le développement du ferroutage et d'autres formes de transports alternatifs et écologiques. "Or, aucun projet n'existe en Bretagne ni à moyen ni à long terme", comme l'a rappelé récemment l'Institut de Locarn et le CCIB. Même les lignes à Grande vitesse ont pris du plomb dans l'aile avec le probable abandon de toute amélioration notable du réseau dans l'Ouest de la Bretagne et notamment entre Brest et Quimper.

Au-delà de cette action emblématique de Guiclan, c'est tout un questionnement sur le modèle économique et social à venir qui se pose une fois de plus, en Bretagne comme ailleurs.

Quel modèle de société demain ?

Après les radars, les portiques éco-taxe, donc. Demain, les impôts par satellite au prorata des déplacements de l'homme au gré de ses modes de transport ou, qui sait, de ses allers-retours aux toilettes ou sous la douche ! L'ère du tout numérique (et son prolongement le tout-satellite) ouvre les portes à l'imagination fiscale et à une nouvelle approche schizophrène de la société : instaurer une nouvelle connivence États-multinationales destinée à faire courir l'homme de plus en plus vite sous couvert de culpabilisation écologique.

D'un côté, tout est mis en oeuvre aujourd'hui pour que le travail et le produit de celui-ci tombent dans l'escarcelle des multinationales : fusions-acquisitions, délocalisations, dumping fiscal et social, accroissement de la fracture numérique et technologique rendant la vie quasi-impossible aux PME ou aux travailleurs indépendants qui n'ont pas les reins assez solides pour suivre la course permanente aux nouvelles exigences... Absolument tout est conçu pour que les savoir-faire soient confisqués par une poignée de groupes internationaux.

De l'autre, tout est mis en oeuvre par les États, pays européens en tête, pour constituer un régime global policier et fiscal à la Big brother contrôlant les individus dans leurs moindres déplacements : péages hier, radars automatiques aujourd'hui, puces dans les poubelles des ordures ménagères, portiques éco-taxe... Voilà qui rappelle l'internet et ses cookies, ses filtres, son fliquage jusque sur les réseaux sociaux.

Cette connivence n'est pas anodine. Il ne s'agit pas d'un double jeu parallèle. Les deux parties s'entendent à merveille pour pousser l'être humain dans ses retranchements, pour l'emener insidieusement à courir de plus en plus vite et ainsi mieux manger la laine sur son dos. Il y a bien sûr, une énorme contradiction, schizophrène, dans ce double jeu. Car, au fond, il revient à encourager l'homme à ne plus rien entreprendre, à rester chez lui à ne rien faire. Triste dessein d'une société qui assiste, impuissante, à la démission du politique devant la finance, au transfert de compétence ultime de la démocratie aux technocraties et à la bancocratie.

Pour en savoir plus sur l"écotaxe : http://www.developpement-durable.gouv.fr/-Questions-reponses-sur-l-ecotaxe-.html

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Commentaires
C
Je n'arrive pas à comprendre cette histoire de portiques sur les autoroutes non concédées. Sauf l'avantage comme tu le dis au fliquage (je suis naïf, je n'y avais pas pensé), je vois le système bien compliqué. Il y avait des solutions plus simples, à commencer par faire payer aux poids lourds le gazole au même prix que les automobilistes ET sans récupération de TVA, taxer les poids lourds aux péages concédés au prix correspondant à l'usure réelle des voies qu'ils engendrent. Rien qu'avec cela, il n'était point besoin de mettre en place d'autres infrastructures.
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