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B u h e z  U r  V a l a f e n n
14 mars 2017

Voyage dans le ventre de la bête industrielle

 

acierie 1

 

Ca commence comme dans un film de science fiction. On pense à Valérian et Laureline, à Blade Runner ou au 5e Elément...

 

acierie 4 

 

Sauf que c'est bien réel. Il y a l'odeur, âpre, métallique, forcément. La chaleur, le bruit.

Dans un ululement de machines, le corps de la bête s'ouvre. 

 

acierie 3

 

Un homme est aux commandes. Insatiable, le chaudron de quatre tonnes est prêt à engoutir sa pitance. 

 

acieries 8

 

Il dévore toutes les deux heures des abats industriels et des corps démembrés de métal.

Des corps dont vous vous êtes vous-mêmes, peut-être, débarrassés un jour, dans une obscure décheterie...

 

acierie 2

 

Obscure comme ce décor onirique, cerné par la ville.

 

acierie 7

 

Mais las ! La besogne n'est pas accomplie. Il faut faire chauffer le ventre de la bête. Le porter à près de 1.700 °c...

 

acierie 6

 

... tout ça pour faire du produit de nos forfaits consuméristes... de nouvelles créatures.

 

acierie 9

 

La coulée est déversée dans des moules bruts : ils donneront naissance à des corps de pompe pour l'industrie pétrolière, à des sabots et des éléments de freinage pour trains et tramways, des éléments mécaniques pour camions militaires...

 

acierie 5

 

Bienvenue aux Aciéries de Ploërmel, pour cette visite guidée insolite dont je ne suis pas revenu tout à fait indemme.

L'un des derniers vestiges en activité du genre en France poursuit en l'occurrence sa mue. Les aciéries (95 salariés) devraient achevé en 2019 leur déménagement titanesque, entamé en 2011, et ayant mobilisé déjà quelque 12 millions d'euros d'investissement. Après les ateliers de finition, c'est cette fonderie à arc (par électrolyse) ci-dessus qui doit à son tour déménager pour rejoindre le nouveau site industriel à l'autre bout de la ville.

Un site plus moderne, plus performant et moins énergivore (à induction). Ainsi, évoluera-t-il enfin à l'abri d'un voisinage urbain qui n'avait plus grand chiose à voir avec celui qui présida à cette aventure industrielle, il y a plus d'un siècle...

 

A lire : l'article complet - et plus factuel - sur le site du Journal des entreprises.

D'autres news éco radiophoniques en Morbihan: http://laradiodesentreprises.com/broadcast/173039-L-Eco-dans-le-Morbihan

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Commentaires
C
Ce n'est pas si vieux, mais l'usine était complètement dépassée, donc représentative d'une époque déjà révolue. Les conditions de travail étaient terribles en général. Mon père qui n'était pas dans la partie production étrait bien mieux loti, mais en a bavé dans le froid l'hiver, dans le bruit épouvantable sans protection (et un peu d'amiante, bien sûr). Mais les ouvriers ne se plaignaient pas, cette génération, c'était encore des durs à cuire.<br /> <br /> Oui, cela devait être en lien avec le guide.
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A
Quel témoignage... Ce n'est pas si vieux que cela quand on y pense... La robotisation a tout de même du bon. Peut-être dira-t-on de même demain du compte pénibilité qui, pour l'heure, semble si kafkaïen. Les ouvriers deviennent de plus en plus des pros du monitoring.<br /> <br /> La vidéo ? A la sortie du guide en 2011 j'imagine. Je me souviens avoir pas mal ramé. Merci pour le compliment, suis touché.
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C
Cela m'évoque en beaucoup plus moderne l'usine où travaillait mon père (et ma mère pendant la plus longue partie de sa carrière), même s'il s'agit ici d'une acierie et non d'une usine de forgeage. J'avais visité l'usine de forgeage de bouteilles de gaz, d'accus, de réservoirs d'air comprimé pour sous-marins nucléaires dans des années 1980 et c'était littéralement dantesque, qui plus est dans des conditions épouvantables vis-à-vis de la sécurité, des conditions de travail (un aperçu des forges de Vulcain) et environnementales, avec un matériel de production plus qu'à bout de souffle... J'ai compris pourquoi ma mère avait toujours refusé que je travaille là-dedans durant l'été, tant elle avait vu des horreurs en tant qu'infirmière du travail : de nombreuses blessures graves, des doigts coupés (à une époque où on ne les recollait pas encore, si tant est que l'on puisse récupérer le morceau manquant), des membres estropiés, des morts. On a peine à imaginer.<br /> <br /> Alors quand tu dis que tu n'es pas ressorti indemne de ta visite, je me rends un peu compte, même si les choses ont bien changé et qu'il ne s'agit pas de la même chose.<br /> <br /> Sinon, je me souvenais t'avoir vu dans une vidéo (il y a longtemps) où tu parlais peu, mais là, je trouve qu'à la radio, tu es super pro. Je serais incapable de m'exprimer de la même manière (sauf peut-être si j'écrivais ce que j'ai à dire, ce que je n'ai jamais fait puisque je ne connaissais jamais les questions à l'avance). En tout cas, bravo pour tout ça, d'autant que c'est intéressant sur le fond.
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