LA HONGRIE SUR LE TOIT DE LA BRETAGNE

" Paprika, ti Hungaria. " De prime abord, on ne s'attend pas forcément à découvrir un magasin hongrois signalé en breton sur les flancs des Monts d'Arrée, alors même qu'il n'y a plus de magasin spécialisé à Paris.Hauts lieux de la culture hongroise, les sommets du massif armoricain ? Poteries et vêtements traditionnels, jouets en bois, poupées, décoration, meubles anciens, confitures, infusions, vins, cuisine hongroise... Voilà bientôt deux ans que la boutique Paprika, tenue par Katalin Boronkai, apporte sa petite touche épicée en Centre-Bretagne. Dans son penty de Kerbiquet, Paprika présente un assortiment impressionnant avec un crédo : proposer des produits hongrois artisanaux, bio ou issu du commerce équitable. " Je connais la grosse majorité de mes fournisseurs personnellement, explique Katalin Boronkai qui a pu compter, à son lancement, sur le réseau d'artisans et producteurs locaux de sa tante, organisatrice de salons professionnels à Budapest. " L'idée du magasin me trottait dans la tête depuis longtemps, mais c'était administrativement complexe à mettre en œuvre. C'est l'entrée de la Hongrie dans l'Europe qui a facilité les choses. "

Du goulasch made in Breizh

Entre autres spécialités magyares, Paprika propose l'incontournable miel d'acacia, du Tokaji (excellent vin sucré très long en bouche), du Bikavér, surnommé "le sang de taureau" (vin rouge issu de plusieurs cépages entre Kadarka hongrois, Cabernet sauvignon et Merlot), des confitures à la griotte ou au cynorhodon (fruit de l'églantier appelé plus communément "gratte-cul"), des pâtes d'amande ou encore une large gamme d'infusions...

Dans son ancien gîte à l'esprit café de campagne, Katalin Bronkai a lancé en parallèle, sur réservation le week-end, de la restauration hongroise, autour du fameux goulasch : " Il n'a pas la même saveur que le goulasch que l'on trouve par ici, mais dans le même esprit commerce équitable, je me suis tournée vers un fermier bio du coin qui me fournit en bœuf. "

Lancé à l'origine à Carhaix, en 2005, Paprika a déménagé à Plouyé, entre Carhaix et Huelgoat. La clientèle a largement suivi, profitant désormais d'un cadre champêtre, à proximité d'un petit manoir. Une clientèle d'habitués et notamment de férus bretonnants.

Tombée dans le chaudron breton

Il faut dire que Katalin Boronkai est tombée dans le bouillon de culture bretonne au point de devenir enseignante à mi-temps chez Diwan. " On partage certains points communs, en particulier cette sensibilité aux langues minoritaires. " Rien ne prédisposait pourtant l'étudiante hongroise au breton. "J'ai étudié à l'Institut français de Budapest. Pour ma maîtrise, je n'avais pas envie de me tourner vers les habituels travaux universitaires sur la littérature française ou la Provence ! " Intéressée par l'ethnographie et par la genèse du monde celte et sa lointaine civilisation de Halstatt en Europe centrale, elle découvre par hasard " qu'il existe encore des Celtes qui vivent en France ! " Le thème de son mémoire est tout trouvé et l'étudiante prend la direction de la Bretagne en 1994 où elle séjourne à plusieurs reprises et y rencontre son futur compagnon.

Installée désormais dans les Monts d'Arrée, Katalin répond au cahier des charges divin d'un proverbe bien du cru : " Trois choses sont impossibles à Dieu : aplanir Brasparts, épierrer Berrien et arracher la fougère à Plouyé. " Pas fermé, le dieu du coin n'empêche pas, dans sa grande bonté, de faire pousser un peu de paprika...

i : Boutique hongroise Paprika, Kerbiged, Plouyé. Internet : paprika-breizh.fr

&: Le guide de la Bretagne insolite & relax, extrait

(: Jiluk.

PAPRIKA, PLOUYÉ

Partager cet article