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B u h e z  U r  V a l a f e n n
4 octobre 2011

LE CONTEXTE EUROPEEN EN 1996

Quel contexte politique et économique prévaut, en Europe, à la date du 1er octobre 1996 ? Depuis quand la construction monétaire tient-elle le devant de la scène ? Quels facteurs ont été déterminants dans la mise en place de l’ECU (European curency unit) puis de l’euro ? Autant de questions qu’il est nécessaire de se poser pour comprendre les grandes étapes de cette construction européenne et qui trouvent toutes leurs réponses dans l’Histoire. Ainsi, il est indispensable, avant toute chose, de rappeler que la volonté de construire une monnaie unique en Europe ne date pas d’hier, mais du lendemain même de la Seconde guerre mondiale et plus précisément de la signature du Traité de Rome instituant la Communauté économique européenne (voir historique, annexe 1) entre la France, l’Allemagne, la Belgique, le Luxembourg, les Pays-Bas et l’Italie. L’euro est, de fait, indirectement née de la volonté d’hommes tels Robert Schumann ou Jean Monnet. Il faut rappeler également que des tentatives d’unions monétaires ont déjà jalonné l’histoire, en Europe, mais à l’échelle de quelques pays, avec plus ou moins de succès (Confédération helvétique, unification italienne, mais aussi Union latine, union austro-allemande, Reich Union scandinave – lire également l'article La crédibilité de l'euro)

La montée en régime du marché unique, l’internationalisation des échanges et les fortes fluctuations du dollar durant les années 80 (n’oublions pas que, en 1984, le dollar s’échangeait contre 10 F contre moins de 5 F dix ans plus tard !) ont convaincu ensuite les milieux financiers et les pouvoirs publics de la plupart des pays membres de la Communauté économique européenne (CEE) de s’engager dans la mise en place d’une réelle monnaie commune, destinée à devenir unique, en Europe, et se substituant ainsi à l’Ecu. L’adoption du plan Delors en juin 1989 puis la ratification du Traité de Maastricht en 1992 ont scellé, à ce titre, le coup d’envoi de la construction de l’Union monétaire européenne.

Depuis la signature de ce désormais célèbre traité, l’échéance de la monnaie unique approche et cette dernière retient de plus en plus l’attention, bien évidemment, des médias. Quant à la révision du Traité de Maastricht en 1994, elle ne fait qu’accentuer cette tendance. Les choses deviennent de plus en plus concrètes. A partir de cette date, il ne se passera guère plus d’une semaine sans que la perspective de l’Union monétaire ne vienne faire la une des journaux (ou du moins des rubriques économiques). D’autant plus qu’à cette période, il semble bel et bien acquis que l’union monétaire se fera.

A ce titre, la publication régulière des différents critères de convergence (voir annexe 2) et de la situation des Etats à leurs égards va désormais ponctuer l’actualité économique. Dans un tel contexte préqualificatif, il apparaît tout à fait compréhensible qu’une certaine fébrilité gagne les décideurs économiques et les marchés financiers des Quinze. Cela se traduit par une véritable course contre les déficits des comptes publics, qui ne fait pas toujours l’unanimité : en période de quasi récession, celle-ci apparaît même comme un obstacle au bon rétablissement de l’économie et à l’amorce d’une décrue significative du chômage, que ce soit en France, en Allemagne ou en Italie…

Autrement dit, et c’est là une évidence, l’approche de l’Union monétaire attise certaines dissensions entre les Etats (et à l’intérieur de chacun d’eux) desservant ainsi paradoxalement les partisans de la cause européenne. Jusqu’à l’automne 1996, le camp des eurosceptiques a de fait conforté ses thèses dans l’ensemble des pays européens, exception faite, peut-être, des pays méditerranéens (Italie, Espagne, Portugal, Grèce).

Ces derniers, résolument décidés (Grèce mise à part) à combler leur retard sur le noyau dur de l’Europe afin de participer au lancement de l’euro dès la première vague, seront d’ailleurs à l’origine du sursaut d’intérêt et du vent passager d’europhilie qui a soufflé sur le continent entre octobre et décembre 1996. Désireux de s’arrimer à l’Union européenne et de gagner en stabilité financière et monétaire, poussés par la perspective de la suppression des taux de change, par le renforcement du poids économique que conférera l’euro sur la scène internationale, la plupart des gouvernements européens suivent encore cette voie. S’il existe ainsi d’importantes dissensions entre pro et anti-Maastrichiens, elles se font finalement surtout ressentir entre les gouvernements, d’un côté, et les opinions publiques, de l’autre. Ce conflit est l’un des principaux enjeux que la presse économique, dans son ensemble, n’aura de cesse de mettre en évidence.

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Mise en garde

S’il n’est pas tenu compte, dans cette analyse, des événements intervenus après le 1er mai 1997, il faut savoir que cet enjeu, cette exigence de démocratie très fréquemment mise en relief par la presse quotidienne économique, est toujours d’actualité. Car si l’arrivée des Travaillistes au Royaume-Uni plaide pour une certaine détente du contexte politique actuel à l’égard de la monnaie unique, étant donnée la position plus tempérée de Tony Blair, il n’en va pas de même de l’avènement, en France, d’un gouvernement à la tête duquel Lionel Jospin a clairement pris parti pour un assouplissement des critères de Maastricht. Une prise de parti qui, bien qu’elle aille dans le sens d’un renforcement de la coopération entre gouvernements, d’un élargissement de l’Union monétaire à l’Europe du Sud ainsi qu’à un desserrement de la rigueur qui étreint aujourd’hui l’économie, peut s’avérer néfaste en raison de l’attitude de l’opinion allemande, farouchement hostile à tout affaiblissement de la future monnaie unique.

Par ailleurs, la multiplication des prises de position en faveur d’un report de l’euro en Allemagne (fin mai et début juin) et le refus exprimé par la Suède de participer à la monnaie unique dès 1999 laissent également planer le doute sur le lancement de l’euro en temps et en heure. Au final, le contexte politique et économique actuel n’est pas fondamentalement différent de celui qui prévalait déjà depuis le début de l’année 1997.

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