La Jaupitre, Monterfil

 Vous êtes d'un esprit "tchiurieux" et vous adorez "jaupitrer" (jouer en gallo) ? Filez donc à Monterfil, à la lisière du massif de Brocéliande. Tous les mardis en véprée (l'après-midi), la Jaupitre accueille le public dans un cadre champêtre, rue de la Vieille forge. À l'origine de cette association créée en 1996, un infatigable collecteur, documentaliste à l'université de Rennes 2, Dominique Ferré. Il a sillonné la Bretagne pendant trente ans afin d'inventorier une foultitude de jeux traditionnels bretons. À la clef, un joli travail de réhabilitation et de promotion de ce patrimoine populaire. Sur son site, en extérieur comme en salle, il est ainsi possible de s'adonner aux boules, aux quilles, à des jeux de veillées, de café ou de force... En tout, une cinquantaine de jeux bretons méconnus voire disparus.

Pitao ou galoche bigoudène ?

Entre autres (re)découvertes, la Jaupitre fait revivre avec bonheur le pitao (équivalent gallo de la galoche bigoudène), un jeu de quilles proche du palet ; les quilles de Landudec, à renverser avec des galets choisis à sa main sur la plage... On retrouvait cette variante iodée dans toute la baie d'Audierne. Plus au nord, les quilles du Léon sont aussi à l'honneur : à pratiquer avec un talus en terre que la boule devait impérativement franchir. Le pays gallo n'est pas en reste avec les quilles de Marsac, de Muël ou de Pomeleuc, encore jouées comme un rituel tous les jeudis et dimanches près de Josselin. Et que dire du rocambeau, pratiqué par les marins lors des grandes campagnes de pêche, du temps de la marine à voile ? Le jeu d'adresse consistait à lancer des anneaux en cordage tressé en visant des crochets fixés au mât du bateau. Le roulis se chargeait de corser l'affaire ! À la Jaupitre, le jeu se pratique sur la terre ferme : tout le monde peut s'y adonner chez soi, mais à condition de pouvoir haubaner un mât !

Le base-ball breton

Si la Jaupitre concourt à populariser de nouveau ce riche héritage, l'association reçoit aussi le témoignage d'anciens pratiquants qui apportent leur pierre : telle famille qui donne l'un des derniers exemplaires de jeu de quilles, telle autre qui porte à la connaissance de l'association, il y a quelques années, l'existence d'un cousin du base-ball joué jusque dans les années cinquante à Landerneau : la Tinette. Un jeu à rapprocher également de la Gobette et du Pipi, souvent connu sous le nom de Pilaouët.

Employant trois personnes, la Jaupitre reproduit également certains jeux traditionnels. Elle forme des animateurs, assure des prestations de service et œuvre également en lien avec la Fédération nationale des sports athlétiques bretons, qui popularise de surprenants jeux de force comme le lever d'essieu de charrette (47 kg en guise d'haltères) ou celui de la perche. Ce dernier consiste à lever des poids de six à dix kilos suspendus au bout d'une perche de six mètres par simple effet de levier. Une descendance du lever de bannière paroissiale dans nombre de pardons.

Les fêtes religieuses étaient elles aussi, ne l'oublions pas, l'occasion de se divertir. Dans certaines communes du pays de Pontivy, les hommes jouaient même de l'argent au Neu ben (ou daou ben), le jour de la Toussaint à la sortie du cimetière.

i : La Jaupitre, rue de la Vieille forge, 35160 Monterfil, internet : jeuxbretons.org

& : Le guide de la Bretagne insolite & relax, extrait

( : Jiluk

µ: La Jaupitre