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B u h e z  U r  V a l a f e n n
4 octobre 2011

L'ALLEMAGNE PRISE DE DOUTES

On avait déjà noté une certaine méfiance du journal Libération concernant les critères de Maastricht. Fin octobre 1996, Libération avait souligné, non sans ironie, que l’Allemagne elle-même était à cette date « disqualifiée pour l’euro ». Alors que la plupart des journaux fait état d’un regain d’optimisme, Libération affirme que « l’Allemagne ne remplira pas les critères de Maastricht » et que le plan d’austérité du gouvernement Kohl, examiné par le Parlement (il prévoit notamment le maintien de l’impôt réunification) n’y changera pas grand chose. S’appuyant sur les statistiques publiées successivement par les six grands instituts de conjoncture allemands, Libé met l’Europe en garde contre le danger d’une interprétation des critères de convergence à la lettre. Par ailleurs, il souligne la persistance de tensions sociales (manifestations monstres). « Un nouvel effort de cette ampleur paraît extrêmement risqué », poursuit ainsi Lorraine Millot, correspondante permanente à Bonn. La photographie illustrant l’article montre l’une des dernières manifestations d’envergure en date, à Ludwigshaffen contre le plan d’austérité du chancelier Kohl. Et d’insister sur la situation de l’emploi outre-Rhin où le chômage culmine à 4 millions de personnes inscrites. C’est l’occasion pour le journal de rappeler que les gouvernants ont tendance à bâtir l’Europe sans prendre ces millions de personnes en considération.

Il faut attendre le 12 décembre 1996 pour que La Tribune évoque en tête de page le mécontentement grandissant de la population en Allemagne envers la monnaie unique. Sondage à l’appui, le quotidien économique rapporte ainsi que « les Allemands ont de plus en plus peur de la monnaie unique » (61% abordent l’euro avec crainte contre 16% avec espoir, une majorité d’Allemands se prononçant par ailleurs purement et simplement contre la création de la monnaie unique). motif invoqué : la perspective d’un euro faible, synonyme outre-Rhin d’inflation, véritable hantise rappelant la période la plus sombre de leur histoire.

Paradoxe allemand

La Tribune n’en reste pas là et souligne la nécessité pour les Quinze de trouver « un compromis sur le pacte de stabilité budgétaire ». Toute la différence de traitement de l’information et d’appréciation de la situation entre La Tribune et Libération se résume à ce simple titre : d’un côté l’avenir de l’euro est entre les mains des peuples ; de l’autre, il est entre celles des quinze ministres des Finances de l’Union européenne…

Le débat sur le respect des critères par l’Allemagne est relancé en mars et en avril 1997. Même si la question d’une exclusion de l’Allemagne du premier groupe des participants paraît tout simplement surréaliste, Libération s’inquiète à quatre reprises (4) en un mois seulement du fait que les déficits publics allemands risquent fortement de dépasser le seuil d’admissibilité de 3% pendant plusieurs années. Paradoxalement, le dépassement de ces fameux critères de convergence ne remettrait pas en cause la participation de l’Allemagne à l’euro mais celle des pays du sud de l’Europe ! En rapportant les propos d’Ulrich Hombrecher, économiste en chef d’une grande banque allemande estimant que « l’issue la plus probable est que la monnaie unique sera lancée à temps, même si l’Allemagne a un déficit de 3,25% et un endettement public autour de 62% », Libération explique en substance que de tels propos, alors que les autorités allemandes interprètent les critères à la lettre concernant l’Italie et l’Espagne risquent sérieusement de diviser l’Europe. Le danger d’une fracture Nord-Sud compromet l’avenir de la construction européenne en favorisant l’émergence d’une conception d’une Europe à plusieurs vitesses.

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(4) « L’Allemagne prise de doutes sur l’euro » (15-16 mars 1997), « L’Allemagne profil bas sur l’euro » (18 mars 1997), « La Bavière accro à son image de mark » (9 avril 1997), « Le mark fait de la résistance à l’euro » (21 avril 1997).

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