CROISSANCE DE L'EMPLOI EN BRETAGNE : MIEUX QUE PRÉVU
L'Insee Bretagne vient de publier cette semaine de nombreux indicateurs économiques sur les bassins d'emploi de la Bretagne et de la France. Il en ressort que si l'évolution de l'emploi en Bretagne avait été la même que celle de la France, il y aurait actuellement 46.000 postes de moins dans la région. L'écart est donc important. La Bretagne a d'ailleurs connu la plus forte croissance de l'emploi ces dernières années. L'évolution a d'ailleurs dépassé largement les prévisions dans un grand nombre de secteurs d'activité comme la construction (6.000 emplois de mieux que prévus entre 1998 et 2004), la mécanique et la plasturgie (du fait essentiellement de l'essor de l'industrie automobile à Rennes), le commerce, les services mais aussi la santé. A l'inverse, l'agroalimentaire a fait pire que prévu et, dans une moindre mesure, les activités associatives et extra-scolaires rémunérées (phénomène lié à la fin des Emplois jeunes que l'on retrouve du reste dans toute la France).
D'une manière générale, sur la période 1997-2004, tous les grands secteurs d'activité enregistrent des évolutions plus favorables qu'en France : la Bretagne est ainsi l'une des rares régions où l'industrie maintient ses effectifs : l'industrie manufacturière a gagné 4% d'emplois depuis 1997 alors que les effectifs ont fondu de 7% en France en seulement 7 ans.
En revanche, l'agriculture et l'agroalimentaire manifestent des signes inquiétants : si leurs niveaux en Bretagne se situent bien au-dessus de la France et restent supérieurs à ceux de 1997, la chute est plus marquée qu'en France ces dernières années. Plus marquée mais aussi plus précoce, puisque le retournement date de la mi-2001 en Bretagne contre fin 2003 pour la France.
Autre signe d'inquiétude : la forte baisse du commerce en 2004, notamment en raison de la mauvaise fréquentation touristique. L'économie de la Bretagne est donc en train de basculer : elle est en passe de perdre deux de ses moteurs traditionnels (l'agriculture et le tourisme), au profit des services, de la construction ou encore des transports comme l'automobile (et dans une moindre mesure comme l'industrie navale qui, cela ne se voit pas sur ces statistiques, regagne de l'emploi depuis 2005). Il faudrait s'interroger du reste sur l'éventualité d'une corrélation entre la bonne santé du bâtiment et la mauvaise santé du tourisme : rappelons que le tiers des maisons construites en bord de mer en France l'ont été en Bretagne ces dernières années... Le bétonnage croissant ferait-il fuir les touristes ?
Enfin, autre point de comparaison analysé par l'Insee, la progression de l'emploi en Bretagne doit aussi au solde entre les arrivées et les départs d'entreprises, le troisième solde le plus positif de France. Sur ce point, la Bretagne est devancée par le Languedoc-Roussillon et Provence Alpes Côte d'Azur. Le solde est très largement positif avec l'Ile de France, qui représente 1/3 des arrivées en Bretagne. Dans près de la moitié des cas, ces nouveaux arrivants choisissent les bassins d'emploi de Rennes et de Vannes, largement devant ceux d'Auray et de Saint-Malo, respectivement 3e et 4e.
Rappelons que toutes ces données s'entendent hors Loire-Atlantique. Les performances de la Bretagne réunifiée n'en seraient que meilleures, la Loire-Atlantique ayant été l'un des trois départements les plus dynamiques en France ces dix dernières années sur le plan de l'emploi avec l'Ille-et-Vilaine et la Seine et Marne.