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B u h e z  U r  V a l a f e n n
21 février 2023

Jusqu'où les rois bretons se nichent...

 

Roi Gradlon

... diantre, jusqu'en Vendée, chez l'ennemi héréditaire ! 

 

lettre typo celtique I

l subsiste, de nos jours, une profonde méconnaissance entre Bretons et Poitevins. C'est un peu comme si, d'un point de vue culturel et historique, une frontière étanche demeurait entre ces deux provinces. Je ne vais pas instruire la liste des différences réelles. Architecture, langue, paysages, peuplement... elles sont bien connues et sautent généralement aux yeux. Je parlerais plutôt des "différends". Et d'un en particulier. Historique.

Si une incompréhension historique demeure vivace entre Bretons et Poitevins, elle est directement héritée du parti pris par les tribus gauloises des rives sud de la Loire (Pictons en l'occurrence) en faveur des Romains de Jules César (cf la Guerre des Gaules). Ce dernier a pu compter sur l'aide de ces derniers pour y implanter ses forces navales, y construire des chantiers en vue de directement attaquer les frères celtes d'Armorique... Disons-le : les Pictons du Poitou ont trahi les Vénètes d'Armorique. Ils ont fait office de cheval de Troie, de tête de pont, et en effet Cesar a pu infliger une irrémédiable défaite aux Vénètes.

Aujourd'hui encore, se présenter en tant que Vendéen en Bretagne suscite ainsi le malaise. 

Ô traître...

Il existe pourtant des points communs. Cela dépasse l'usage du seul beurre salé, héritage d'une longue pratique commune de la culture du sel dans les marais salants, du cabotage, du commerce avec les îles britanniques... Il en existe en particulier un autre, bien moins connu : l'interpénétration des grandes familles de la noblesse sous l'Ancien régime.

Croisades, guerre de succession de Bretagne, guerre de Cent ans, heurs et malheurs du protestantisme (grand nombre de ces familles ont été protestantes, loin des idées reçues - j'aurai l'occasion de revenir sur ce point), chouannerie... pendant plusieurs siècles, les uns vont à maîntes occasion pouvoir compter sur les autres, faire alliance. Et ces alliances n'ont pas touché qu'un nombre restraint de grandes maisons de la noblesse de l'Ouest de la France (je dis ici Ouest d'un point de vue purement géographique). En étudiant en profondeur mon arbre généalogique j'ai pu mesurer à mon niveau à quel point ces imbrications ont été constantes et ont touché non seulement la frange haute de la noblesse, mais aussi toute la "petite seigneurie", de Haute Bretagne au bas Poitou en passant par le pays de Retz. C'est ainsi qu'alors que mes huit arrières grands parents sont tous Vendéens de naissance, il s'avère en fait qu'une bonne partie de mes ascendants (j'ai tracé à ce jour près de 2 000 4 000 de mes ancêtres) proviennent de Bretagne ou ont intercédé avec les voisins bretons. Et ce, dans une proportion aussi nette qu'avec le reste du Poitou et bien davantage qu'avec l'Aunis, la Saintonge et, disons, l'ensemble des actuelles Charentes voisines. 

C'est ainsi d'autant plus frappant que j'ai pu connecter à plusieurs reprises certaines branches de mes ancêtres poitevins... aux rois bretons. C'est d'autant plus surprenant que je ne me connaissais pas d'ancêtres directs issus de la noblesse post Révolution française, ce qui signifie que l'interpénétration n'a pas été le fait d'un faible nombre d'ascendants qui auraient eu un fort impact, pendant très longtemps, sur mon arbre généalogique. Ces connexions se sont établies plus tôt et à maintes reprises à la faveur d'alliances avec l'une des innombrables familles de la noblesse du bas Poitou telles les (de) Chastaigner, de Bessay, de la Trémoille, de Machecoul, Chabot, Sapinaud, Guerry, du Plessis, de Beauregard, Mauclerc, Jousseaume, Lignières, de Rezay, Douallain/Douellan, etc.

Certaines familles sont directement descendantes de familles bretonnes via l'actuelle Loire Atlantique et le Morbihan. C'est le cas des Rougé/Le Boeuf, de Rieux, Châteaubriant, etc. C'est ainsi qu'il en est de l'une de mes branches que je me propose ici de remonter, génération après génération. Avec cette connexion en ligne directe avec Alain Ier de Bretagne et, avant lui, le roi Waroch et le roi Gradlon.

 

XXX (3e génération) est fils de mes arrières grands parents Pierre EVEILLE x Marie GUILLET (4e génération)
Il est fils de :
Pierre Célestin EVEILLE et Henriette AVRIL (5e)
Elle même fille de :
Pierre AVRIL et Henriette CHARTAUD (6e)
Lui même fils de :
Pierre AVRIL et Rose LORIEAU (7e)
Lui même fils de :
André AVRIL et Marie Anne GIRARDEAU (8e)
Lui même fils de :
Jacques AVRIL et Marie Anne PAQUIER (9e)
Elle même fille de :
Jean PAQUIER et Marie LE BOEUF (10e)
Elle même fille de :
François LE BOEUF et Jeanne BOUNIOT (11e)
Lui même fils de:
René LE BOEUF et Marie DURCOT (12e)
Lui même fils de :
FRANCOIS LE BOEUF (1615-1693), écuyer, seigneur de la Noue et de Saint-Martin (La Merlatière, Vendée) et de Hélène GUIGNARDEAU elle même fille de l'écuyer René GUIGNARDEAU seigneur de PUYMAY (13e)
Lui même fils de :
FRANCOIS LE BOEUF (1590-1644), écuyer, seigneur de la Noue et de Saint-Martin, et de la Marquise DOUALIN, veuve maintenue noble par sentence du 23/09/1667 par l'Intendant du Poitou conseiller du Roy Jacques-Honoré Barentin, dernière héritière de la famille DOUALIN/DOUELLAN/DOULLARD  (14e). 

Nous sommes toujours, à ce stade, en Vendée. Mais commencent à surgir toutefois des noms aux consonnances quelque peu bretonnes comme DOUELLAN/DOUALIN, famille aujourd'hui éteinte dont l'un des derniers représentants s'appelait Perceval. 

Mais continuons. FRANCOIS LE BOEUF, donc, est fils de :

François LE BOEUF et Suzanne de LOUVAIN (15e génération)
Lui même fils de :
Julien LE BOEUF et Renée GUERY de la BROSSE (16e)
Lui même fils de : 
Nicolas LE BOEUF et Catherine du PLESSIS (17e) 
Lui même fils de :
Jean LE BOEUF et Marie GUERY de L'IMMONIERE (marié en 1458) (18e)
Lui même fils de :
Alexis LE BOEUF et Emilie de CHASTEIGNER (mariés en 1428) (19e).

Nous entrons à rebours du temps en pays de Retz et plus au nord de la Loire Atlantique. Cette branche des CHASTEIGNER étaient établis de part et d'autre du pays de Retz dans l'actuel nord ouest de la Vendée (Commequiers, Apremont...) ainsi que jusque sur les rives de la Loire à hauteur de Couëron et Bougon. A titre d'exemple, l'aéroport de Nantes a été bâti sur d'anciennes terres de cette famille incontournable de la noblesse poitevine, de laquelle descend un nombre incalculable de Vendéens et d'habitants de la Loire Atlantique.
Il est fils de :
Brient LE BOEUF et (inconnue) (20e).
Un mystère subsiste à ce stade. Le Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou Beauchet Filleau trouve la trace d'un Brient Le Boeuf descendant des de Rieux. Mais un trou de deux générations s'intercale dès lors avec Jean II de Rieux, probable ascendant, ceci à l'exclusion des autres filiations de la famille restés sans postérité. Dès lors se pose la question de savoir s'il n'y a pas un chaînon manquant, ou si ce Brient Le BOEUF n'a pas pu être uyn enfant illégitime de Jean II de RIEUX ou de Jeanne de ROCHEFORT, sa femme. Le nom de LE BOEUF lui a vraisemblablement été attribué en hommage à Nicole Le BOEUF citée ci après, cette pirouette permettant peut-être de l'écarter de la famille "officielle" tout en lui garantissant des droits et des terres. Le cas d'Emilie de CHASTEIGNER est tout aussi étonnant car Emilie apparaît également dans l'ombre de sa famille. Elle est probablement fille de Jean, Jacques ou Huberlin de CHASTEIGNER. Elle pourrait être la descendante, illégitime également, de la pirate vendéenne Jeanne de BELLEVILLE, qui fit armer un puis deux autres navires après la mort de son mari Olivier de CLISSON pour le venger de son assassinat sur ordre du roi de France. Les de RIEUX sont originaires de la paroisse de Rieux sur les rives de la Vilaine (actuel Morbihan). De CLISSON se réfère à la cité fortifiée et à son château dans le sud-est de la Loire Atlantique.
Brient Le BOEUF est donc fils ou petit fils de :
Jean II de RIEUX (né 1342) et Jeanne de ROCHEFORT (21e)
Lui même fils de :
Jean Ier de RIEUX (1304-1357) et Isabeau de CLISSON (22e)
Lui même fils de :
Guillaume II de RIEUX (1265-1310) et Anne Louise de MACHECOUL ((23e)
Lui même fils de :
Geoffroy de RIEUX (1220/1230-1275) et Nicole LE BOEUF (née vers 1235/1240) (24e).
Les deux branches descendent des rois bretons. Dans le cas de Geoffroy de RIEUX, il descend aussi des rois de France étant fils de Gilles DE RIEUX et d'Isabelle d'AMBOISE. Nous focaliserons ici sur les LE BOEUF "vendéens" pour remonter la filiation bretonne suivante :
Nicole Le BOEUF (née vers 1235), donc, est l'une des dernières héritières de la branche de Nozay et de la Meilleraye des Le Boeuf (Loire Atlantique).
Elle est elle même fille de :
Brient V LE BOEUF le Jeune (1215-1304) et Belle-Assez CHABOT (1215-1275) (25e)
Lui même fils de :
Brient IV dit le vieux LE BOEUF (1185-1250) et Peronnelle/Pernelle de ROUGÉ (26e)
Lui même fils de :
Brient III LE BOEUF (vers 1150-1200) et Ennoguen (27e). Nous sommes toujours dans le nord de la Loire Atlantique à une époque où l'influence de la langue bretonne s'y fait encore sentir.
Il est lui même fils de :
Brient II LE BOEUF (né vers 1120) et (inconnue) (28e)
Lui même fils de :
Brient dit "BOVO LE BOEUF" (vers 1090) et (inconnue) (29e)
Lui même fils de :
Guetenoc/Guidenoc DE ROUGÉ (vers 1050*) et Gwenred dite Gweno de BROSSAY (30e)
Lui même fils de :
Tugdual II de ROUGÉ (990-1045) et (inconnue) (31e)
Lui même fils de : 
Tugdual Ier de ROUGÉ (950-/1045) et Riwallon de SOUDAN (960-?) (actuelle commune du nord de la Loire-Atlantique) (32e)
Lui même fils de :
Hervé II de ROUGÉ (922-980) et (inconnue) (33e)
Lui même fils de :
Hervé Ier de POHER (890-955) et Godehilde du MAINE (34e)
Lui même fils de :
Alain Ier de POHER (né 850 à Vannes) et Oreguen/Aourken de RENNES (35e)
Lui même fils de :
Mathuédois de POHER (828-868) et Prostion de BRETAGNE (36e)
Lui même fils de :
Riwallon III de POHER (795-857) né à Carhaix-Plouguer (Finistère) et Rotrude Hildegarde de FRANCE (37e)
Lui même fils de :
Erispoé Ier de POHER (vers 770-812) né à Motreff (Finistère) et Melior d'AVALLON (38e)
Lui même fils de :
Budic Ier (vers 740-vers 780) et Marmoëc de GIRARDIN née vers 740 (39e)
Lui même fils de :
Daniel de POHER (710-749) et Aude, fille de Charles MARTEL (40e)
Lui même fils de :
Riwallon II de POHER (687-720) né à Plounévézel, actuel Finistère, et Gerwenn de CORNOUAILLE (41e)
Lui même fils de :
Waroch Ier de POHER (1er Duc de Bretagne, 640-692) et de Chéronnoge Congar de CORNOUAILLE, fille du roi GRADLON (632-711) né à Douarnenez (42e génération).

Et ainsi une famille poitevine est-elle directement descendante des premiers rois bretons par ses branches de Loire Atlantique de ROUGÉ, de RIEUX et LE BOEUF, preuve également au passage (s'il en fallait encore une) que l'actuelle Loire Atlantique est bien bretonne...

Sources : Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou de Beauchet-Filleau, sources familiales, Geneanet.

* On notera que vers 1050, le seigneur de Rougé (nord de la Loire-Atlantique) donnait encore un prénom breton à son fils, ce qui n'était plus le cas après. Soit la pratique de la langue bretonne s'est étendue encore plus à l'Est que ce que suggèrent les principaux travaux des linguistes (cf carte ci-dessous, le rond noir est à hauteur de Rougé, près de Châteaubriant, bien à l'Est de la frontière linguistique dite de Loth) soit les de Rougé adressaient là un signal d'adhésion, quasi politique, au reste de la Bretagne. 
Voir aussi la carte des toponymes bretons et des terminologies en ac (zone mixte), qui donne une idée un peu plus élargie de la zone d'expansion de la langue bretonne.

Expansion-de-la-langue-bretonne-en-bretagne (1)

 

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