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B u h e z  U r  V a l a f e n n
3 novembre 2014

Retour de guérilla urbaine en France

guerilla urbaine

 

Retour de guerre à Nantes, samedi 1er novembre (capture vidéo décolorisée). Plusieurs centaines de manifestants s'en prennent aux forces de l'ordre au cours d'une manifestation contre... les violences policières après les graves incidents dans le Tarn, à Sivens. Le centre de Nantes est neutralisé. Le trafic sur les lignes de bus et de tramway est notamment interrompu. Ligne 3, station Félix-Faure dans le sens Marcel-Paul>Neustrie, la conductrice de tram annonce qu'elle ne poussera pas plus loin. "Passée Viarme-Talensac, la manifestation dégénère", prévient-elle à plusieurs reprises d'une voix à la fois tendue et assurée, presque familière. Tout le réseau des transports en commun de l'agglo est en alerte tandis que les casseurs prennent les manifestants de vitesse avec comme centre névralgique la place de la Petite Hollande. Passées quinze heures, les gaz lacrymogènes sont lâchés. Ils seront perceptibles jusque dans le tramway immobilisé qui patiente, en embuscade, après avoir fait demi-tour sur les rails à la station. La conductrice prévient les passagers : "Nous attendons 16h22 pour repartir en direction de Marcel-Paul, sauf si les manifestants reviennent sur nous." C'est ce qui se passera in extremis : le tramway de 16h22 part avec plusieurs minutes d'avance afin d'éviter d'être pris à parti, plantant sur place les premières âmes dispersées. Plusieurs familles et étudiants paniqués embarquent de justesse et parlent dans la rame de scènes de guerre. Une maman est sous le choc, s'inquiète pour son bébé apeuré, blotti dans sa poussette. Il a reçu des gaz lacrymogènes. "Il en a dans la gorge." Au téléphone, elle parle d'une voix frénétique à son conjoint : "Franchement, tu aurais eu peur ! Même toi, t'aurais eu peur ! Ils balancent des gaz sur tout le monde, sur les poussettes, les enfants, tout le monde ! Ils ne font pas de détail ! De vrais biomans ! C'était 1914 !" Dans le même wagon de tram, l'un des trois manifestants blessés, une jeune femme de 21 ans venue protester en short, ses longs cheveux blonds montés en chignon, est atteinte aux jambes par des éclats de grenade de désencerclement. Elle aussi est pendue à son téléphone, bandage fraîchement déroulé de la cuisse au mollet par un médecin en civil, fondu avec le tout-venant dans la manifestation. Dans un sac à dos banal, tout le nécessaire pour intervenir à chaud. La jeune femme a été secourue sur le trottoir quelques dizaines de minutes avant d'embarquer dans la rame. Au téléphone, elle fait le récit musclé des scènes d'affrontement avec un parti-pris pro-manifestant très appuyé. Dans le tramway de la ligne 3 flotte une atmosphère étrange, entre stress généralisé et grande lassitude. Paradoxe : les passagers fustigent l'agressivité et la stupidité des manifestants, des groupuscules armés et cagoulés disséminés dans le flot des quelques centaines de participants, tandis que les témoins embarqués à bord chargent, eux, les forces de l'ordre qui "ne font pas de détail", s'en prennent indifféremment aux manifestants comme aux mères de famille tombées au mauvais moment du côté des 50-Otages ou de la Tour de Bretagne. Difficile de faire la part des choses, de compter les points dans ce face-à-face de la violence. Le tram de 16h22 s'éloigne, prend de la vitesse, fuit le centre-ville avant de risquer de se faire remonter par des casseurs ou d'être absorbé par un nuage lacrymal suffocant. 

En soirée, une vingtaine d'interpellations est dénombrée. Ainsi que six blessés de part et d'autre. La manifestation est "dispersée" peu après la tombée de la nuit. Comme les fusées de détresse quelques heures plus tôt, des feux de poubelle illumineront le centre-ville avant que les véhicules de nettoyage n'entrent enfin en action... et que les politiques ne tweetent, retranchés derrière leurs ordinateurs et leurs téléphones portables...

PS : Oui, désolé, Nantes c'est l'étranger. Oui. Exactement. Z'avez qu'à faire du forceps pour vot' réunif.

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Commentaires
D
Bravo pour la retranscription de l'atmosphère (je peux témoigner, ayant aussi vécu la scène).
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