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B u h e z  U r  V a l a f e n n
17 novembre 2021

La Mayenne, aussi Bretonne que la Loire Atlantique ?

 

2014_Karakachoff_Figure1

Surprenant. En fouinant sur internet, et en particulier sur les publications fort intéressantes de Bernard Sécher, je suis tombé sur l'étude Fine-scale human genetic structure in Western France réalisée par Matilde Karakachoff, statisticienne et épidémiologiste au CHU de Nantes et l'Inserm. Elle date de près de dix ans et m'avais totalement échappée. Réalisée à partir de 1684 échantillons génétiques de l'ouest de la France (tests ADN autosomal sur 377 566 SNPs), elle s'est "limitée aux anciennes régions de Bretagne, Anjou, Poitou, Maine et Basse Normandie correspondant aux départements actuels suivants: Calvados, Côtes-d’Armor, Finistère, Ille-et-Vilaine, Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, Manche, Mayenne, Morbihan, Orne, Sarthe, Deux-Sèvres, Vendée et Vienne".

Conclusions : il existe, on le savait, bien une particularité bretonne, fruit des migrations massives des Îles britanniques courant IV/Ve siècle mais aussi, plus récemment, au XVIIe siècle en provenance d'Irlande (lors des guerres d'Irlande).

L'étude a également comparé les tests à des cohortes significatives d'autres pays d'Europe. Les résultats confirment de fortes similitudes entre Bretons et Irlandais, plus encore d'ailleurs qu'entre Bretons et Britanniques. Interprétation personnelle : les migrations irlandaises du XVIIe siècle auraient peut-être été plus significatives que ce que l'on pensait ou, en tout cas, auraient fait remonter le degré d'ascendance irlandaise. L'apport irlandais (et dans une moindre mesure britannique) apparaît même légèrement plus fort que l'apport français hors Bretagne dans les échantillons de l'étude.

2014_Karakachoff_Figure3

Pour en savoir plus, j'invite à consulter le lien vers le blog de Bernard Sécher.

D'autres surprises ressortent de cette étude passionnante. Cette carte "départementalisée" ci-dessous souligne (ainsi que le diagramme suivant) le degré d'"influence" génétique (ancestry coefficients) au sein des différentes régions actuelles. En clair : 60 % de la cohorte analysée en Bretagne font ressortir des "marqueurs" typiquement bretons. 20 % font ressortir des marqueurs tyiquement vendéens. On observe que le trait commun breton a très largement dépassé des frontières de la Bretagne administrative : la proportion atteint environ 45 % en Loire-Atlantique (contre environ 65% en basse Bretagne et environ 55 % en Ille-et-Vilaine. Il n'y a pas tant d'écart que cela d'ailleurs entre Haute et Basse Bretagne. Pas de doute, le pays gallo est bien breton !

Mais à bien y regarder, cette proportion est également très significative dans la Manche, en Basse-Normandie, et dans la Mayenne, de l'ordre de 50 et 45 % respectivement. Un ratio qui montre que l'expansion maximale de la Bretagne dans le Cotentin et en Mayenne (notamment dans le Comté de Craon) a été durable et significative. Cette interpénétration ne s'est du reste pas limitée à cette seule période d'expansion mais a dû être plus ou moins continue dans le temps. 

La carte des pays de la Loire apparaît moins homogène, par définition, patchwork entre influences bretonnes, vendéennes et françaises hors régions de l'Ouest. Plus au sud, la carte et le diagramme de la région Poitou-Charente révèle davantage de marqueurs communs avec l'Espagne et l'Italie, à des niveaux même significatifs s'agissant de la presqu'île ibérique.

2014_Karakachoff_Figure1

2014_Karakachoff_FigureS3

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