LE TRAVAIL DE SAPE COMMENCE...
Beaucoup s'en doutaient. Le ton est déjà donné.
Quelques semaines, seulement, que le Gouvernement de Nicolas Sarkozy travaille et, discrètement, déjà une première attaque en règle contre l'enseignement des langues régionales, déjà peu soutenues en France par les pouvoirs publics.
Le ministre de l'Education nationale Xavier Darcos s'apprête à prendre un arrêté fixant les objectifs en breton, catalan, basque,... de fin de primaire des filières bilingues. Ces objectifs sont situés au niveau A2 du Cadre européen commun de référence pour les langues qui sert de document de base pour l’enseignement des langues en France, ce niveau est qualifié dans ce cadre de niveau intermédiaire ou de survie. On demandera aux élèves de CM2 d’être capable d’avoir « des échanges très brefs même si, en règle générale, ils ne comprendront pas assez pour poursuivre une conversation » (sic !).
En clair : l'Etat va abaisser le niveau d'exigence requis par l'Education nationale en langue régionale à l'issue du primaire.
Selon l'Union des enseignants en breton (UGB), " on voit mal, dans ces conditions, quel pourrait être l’avenir de l’enseignement bilingue dans le secondaire où les élèves sont sensés suivre la moitié de leurs cours, notamment de mathématiques ou d’histoire géographie, dans cette langue ".
Autrement dit, l'Etat entend abaisser le niveau. Ainsi sera-t'il ensuite aisé d'arguer que le niveau atteint par les élèves ne justifie pas un enseignement à 50 % en breton au collège. Voire un enseignement en breton tout court.
L’UGB " s’insurge contre la sape d’un travail réalisé depuis trente ans en Bretagne et qui répond aux attentes des Bretons : plus de 11000 élèves sont inscrits dans les différentes filières de l’enseignement bilingue et leur nombre croît fortement chaque année. Nous demandons la révision de ce texte et l’adaptation des objectifs en langue bretonne en fin d’école primaire aux exigences de l’enseignement secondaire bilingue breton-français ".
L'abaissement de ce niveau d'exigence risque d'autre part d'abaisser à moyen terme le niveau des élèves bilingues aux évaluations de 6e. Actuellement, ce sont précisément ces élèves qui ont les meilleurs résultats à ces évaluations nationales.
L'objectif clairement affiché est donc de faire en sorte que les enfants ne deviennent pas "trop bilingues", trop bretonnants. Cela constituerait une menace, je suppose, pour la République...
La méthode, du reste, est déjà bien connue en Bretagne. Elle consiste à corrompre le niveau d'une langue pour mieux ensuite la déprécier voire la bannir.
C'est cette méthode qui a déjà, outre les brimades infligées aux élèves qui parlaient breton, été utilisée :
" Ne doit-on pas favoriser, par tous les moyens possibles, l'appauvrissement, la corruption du bas-breton, jusqu'au point que d'une commune à l'autre on ne puisse plus s'entendre ? Car alors la nécessité des communications obligera le paysan à apprendre le français. " (Comité d'instruction primaire de Quimper, observation au Préfet du Finistère en 1831).