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B u h e z  U r  V a l a f e n n
9 janvier 2009

Surconsommation et surproduction

Etonnant revirement mondial, en quelques mois. La surchauffe de l'inflation, pour cause de pénurie de matières premières, laisse place à un choc déflationniste. L'explosion des bulles financières et immobilières a fait chuter brutalement cette frénésie artificielle sur fond de pénurie de pétrole à moyen terme. En réalité, ne s'achemine-t-on pas vers une crise de surproduction généralisée ? Le développement exponentiel de l'outil de production chinois ne va-t-il pas plus vite que la musique ? Quid de celui des autres pays en transition économique, comme le Brésil et sa population bientôt comparable à celle des Etats-Unis ? Quid demain de l'Indonésie ? De l'Inde ? En l'espace de quelques années, quelques décennies tout au plus, c'est l'équivalent de plusieurs Etats-Unis, de plusieurs Europe, qui viennent rejoindre le grand marché mondial.

Comment cela est-il possible ? C'est là que le bât blesse : la montée en puissance de ces nouveaux producteurs de biens de consommation courante va bien au-delà de l'accroissement de leur classe moyenne, de la population en mesure de consommer. Elle repose avant tout sur les délocalisations, dont ces pays bénéficient à plein. Simple transfert de production ? Oui et non. D'une part, ce transfert s'accompagne d'une baisse du niveau de vie des pays industrialisés, où les destructions/précarisation d'emplois vont bon train, générant un ralentissement de la demande. D'autre part, ce déplacement de production se fait en décalage dans le temps. Surtout, il se traduit par une baisse de gamme. Les coûts salariaux moindres permettent de produire moins cher et en plus grande quantité.

Un gr(a)in de sable et le germe de la déflation prend racine.

Un paradoxe demeure : l'explosion de la capacité de production en biens manufacturés se traduit par une consommation toujours plus importante en matières premières, pour beaucoup non renouvelables. Résultat : alors que le prix des biens transformés tend à baisser pour cause de surcapacité, dans le même temps celui des matières premières flambe. Un effet de ciseau qui va vite devenir intenable. Pourra-t-on sortir demain de cet engrenage ? Le modèle de la société de (sur)consommation n'est-il pas en train d'atteindre ses limites ? Les contraintes environnementales de plus en plus tendues ne vont-elles pas nous obliger, enfin, à consommer moins, à consommer mieux ? Cela serait un moyen de résorber la surproduction de biens de consommation et de réduire la tension sur les matières premières. Mais cela ne sera certainement pas bon pour le PIB...

Une telle transition économique vers moins de consommation veut forcément dire moins de croissance. Et qu'à un moment, il va falloir réduire sérieusement la voilure. Le germe de la déflation, de la croissance économique 0 voire négative, semble s'installer. Prônés par les écologistes dans les années 70 et 80, elle va devenir réalité. Non pas par choix, mais par la force des choses. Tenter désespéremment de relancer la machine à coups de baisse massive des taux, de relance du crédit alors que le consommateur est déjà surendetté, est illusoire (la plupart des prêts ont été souscrits à taux fixe).

Les gouvernements ne sont-ils pas en train de vider les caisses (déjà vides) en pure perte ? De gaspiller leurs dernières cartouches alors que, structurellement, il sera demain encore plus difficile de faire rentrer l'argent dans les caisses. Que feront alors les Etats ? Seront-ils contraints d'augmenter les impôts, accroissant encore un peu plus la baisse de niveau de vie des ménages ? Ou seront-ils contraints de réduire drastiquement les dépenses publiques ? Les milliards engloutis aujourd'hui au profit des banques (et demain de l'industrie) seront financés demain en réduction massive de services publics. Certains, obnibulés par la chasse au fonctionnaire, en seront fort aise. Mais qu'ils ne se méprennent pas : cela ne suffira pas. Retraite, protection sociale et médicale, modèle scolaire, tout passera à la moulinette.

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Commentaires
K
C'est vrai çà, très drôle, j'aime bien, ça me rappelle ma môman qui prenait un taski pour aller voir un flim, assise sur un traspontin.
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Ó
Moi j'aime bien obnibulé.
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C
Eh bien Ar valafenn, commencer ton année par une note pareille n'est guère optimiste. Et pourtant, je crains fort que tu aies largement raison. Je crains aussi que les gouvernements de la planète n'aies pas encore pris en compte l'ampleur du problème. Il risque de se passer beaucoup de temps encore avant que l'on ne change de modèle et qu'on fasse encore plein d'erreurs, plein de miséreux, plein de guerres, plein de destructions environnementales ou autres. Pourvu que l'on ne s'autodétruise pas avant d'accéder à un minimum de clairvoyance collective.<br /> Comme dit Kleg, c'est la merde, mais on va quand même faire en sorte à son petit niveau minuscule pour que ça finisse par évoluer. Et moi, je veux être optimiste.
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Ó
Moulinette, comme tu y vas...<br /> Harakiri.<br /> Un vrai feuilleton, cette kriz.<br /> GAAA!<br /> Kalon vat, yec'hed mat, ur bern traoú hervez ar blijadur.
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K
Quand j'ai écrit dans un dernier post gwalarnien que les gens autour de moi se souhaitent la bonne année pour ainsi dire mécaniquement, tout en sachant que ça serait une année de merde, certains lecteurs se sont étonnés, et leur étonnement m'a étonnée. C'est à ce que tu décris que je pensais, pas à des trucs persos, encore que le lien va être de plus en plus évident, pour ceux qui sont pétés de thunes, ou pour ceux qui n'ont pas un radis.<br /> L'économie alternative a intérêt à se réveiller, s'il n'est pas trop tard.<br /> Bonne année !
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