LES OUBLIÉS DU REVIVAL BRETON ?

Natalité, afflux de population nouvelle, faible taux de chômage, inégalités moins explosives qu'ailleurs en France, celtomania... Les indicateurs bretons ont-ils tous viré au vert depuis que la Bretagne est in, depuis que son identité s'affiche, se revendique ? Pas sûr. On a beau jeu de parler de revival breton sans parler du statut des artistes en Bretagne, parent pauvre d'une mue socio-économique et surtout identitaire. Or, cette dernière doit beaucoup au travail de l'ombre colossal accompli par tous les artistes amoureux de la Bretagne : peintres, photographes, auteurs, plasticiens, créateurs, musiciens, interprètes, acteurs, traducteurs... C'est particulièrement vrai de la reconquête de la culture bretonne, du breton. Le classement des festoù-noz au patrimoine de l'Unesco, c'est bien. Mais cela ne fait-il pas une belle jambe aux artistes bretons ?

Difficile du reste, de quantifier le nombre d'artistes oeuvrant en Bretagne : la Maison des artistes (arts visuels) en recensait près de 1800 fin 2009 (soit le 7e rang en France) et 2300 avec la Loire Atlantique (4e rang). Aucun chiffre régional publié du côté de l'Agessa (auteurs). Les Intermittents du spectacle, en fouinant du côté de Pôle emploi, seraient plus de 20 000 en tout en Bretagne. Tout cela n'est pas neutre : mettre en avant le nombre des artistes, c'est mettre en avant l'importance de tout un corps de métier, d'une économie, fut-elle "coûteuse" pour les organismes de cotisation sociale. Plus de 20 000 emplois en Bretagne, même subventionnés (les indemnités représenteraient 40% des revenus des artistes en France et le déficit de leur protection sociale de l'ordre du milliard d'euros), c'est trois fois PSA à Rennes. C'est également la population agricole active d'un département entier. Une profession elle aussi largement subventionnée. Et probablement mieux défendue par les élus locaux comme nationaux...