Un vent de révolte plus qu'une tempête dans un verre d'eau

Déclin inexorable de l'industrie agroalimentaire, difficultés de l'automobile, des arsenaux, des télécoms, du tourisme, de l'immobilier... Tous les secteurs clefs bretons sont à la peine. En parallèle, les soit-disants relais de demain (biotechnologie, algues, économie verte) peinent à émerger. Le gouvernement coupe des vannes avant d'en ouvrir d'autre. Il est plus cohercitif qu'incitatif sur le plan économique et environnemental. La décentralisation étant reléguée au rang de voeu pieux, les régions françaises continuant de se débattre du haut de leur nainisme face aux géants de tous les pays limitrophes dans une sorte de culte du centralisme révolutionnaire et napoléonien, la Bretagne est contrée dans toutes ces attentes (jusqu'au développement du bilinguisme), en dépit d'un vote Hollande sans équivalent en France. Le projet d'aéroport Notre Dame des Landes vient ajouter à la confusion (quoi qu'en la matière, il répond probablement à un réel besoin en terme de désenclavement). 

Qu'en est-il réellement de la situation ?

Le bilan des dix-quinze dernières années est positif. Quand on songe à la Bretagne des années 80 et ses 13 % de chômage (contre 9 % actuellement et même 6.5 % avant la crise des subprimes - lire aussi ici), que de chemin accompli. La région était dans les quatre dernières en terme de PIB/habitant contre 10e sur 22, hors Loire Atlantique. En Europe, sa position s'est plutôt confortée (lire ci-dessous le classement des régions d'Europe par le PIB, édit 2013). Les problèmes sont plutôt à venir : les nuages noirs s'amoncellent et approchent depuis environ deux à trois années. Les pouvoirs publics, conseil régional y compris, ne semblent pas d'une grande efficacité pour anticiper rapidement le retournement de cycle, un retournement plus structurel qu'il n'y paraît. Si rien n'est entrepris, si une décentralisation plus respectueuse des éco-systèmes (éco dans le sens économique) régionaux les plus atypiques n'est pas entreprise, la Bretagne ira au devant de sérieuses difficultés. La France raisonne de façon trop uniforme et les régions qui possèdent structurellement des particularités très accentuées ne se retrouvent pas dans ses standards. Une région périphérique et marquée par une classe moyenne très développée (Bretagne, Auvergne...), une région très centrée vers un partenaire économique extérieur (Alsace...), à la structure économique atypique (Languedoc Roussillon...) rouleront toujours avec le frein à main du centralisme actionné (Photo : AFP, manifestation devant le portique écotaxe de Melgven, Finistère).

A lire :

http://www.slate.fr/story/79094/bretagne-degradation-france

http://www.ouest-france.fr/dossiers/actualite_-Manifestations-et-barrages.-Les-Bretons-disent-non-a-l-ecotaxe-videos-_2239601-2238317_dossiers.Htm

http://www.letelegramme.fr/ig/generales/regions/finistere/manifestation-contre-l-ecotaxe-la-rn-165-coupee-dans-les-deux-sens-19-10-2013-2274387.php

http://www.rue89.com/2013/10/15/bretagne-crise-interesse-enfin-les-medias-gouvernement-trop-tard-246619

http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20131017trib000791112/la-bretagne-n-est-pas-en-crise-elle-fait-face-a-des-mutations-irreversibles.html