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B u h e z  U r  V a l a f e n n
25 janvier 2007

COMMUNAUTARISME D'ETAT

Allez, on ne va pas plaisanter tous les jours non plus.

Je voudrais revenir sur un sujet que j'ai à cœur, dont j'ai déjà parlé à quelques reprises sur le blog précédent :

Le centralisme en France

Il y a encore quelques jours, on m'a rappelé que l'un des grands arguments des défenseurs du centralisme français (des Jacobins quoi) était que cela évitait l'émergence de régions plus riches dominant, écrasant les plus pauvres. Et de citer l'Allemagne.

Voilà qui est quand même une grande fumisterie. Car que je sache, l'Ile de France ne domine-t-elle pas les autres régions ? Elle les domine plus encore que ne dominent la Bavière ou la Rhénanie-Westfalie en Allemagne. Au lieu d'avoir des pôles d'équilibre, cela a contribué à apauvrir toutes les régions de province (province> du latin, pays conquis). Quasiment aucune région de France hors Ile de France n'est de taille comparable à la Rhénanie, la Lombardie, la Catalogne ou encore le Piémont, qui ne sont pas des régions ayant une capitale d'Etat. Pire encore : la grande majorité des régions de France a un PIB inférieur à la moyenne européenne (et je parle pays de l'Est inclus !). Le ratio entre le PIB/habitant de l'Ile de France et la région française la plus pauvre (la Corse) est de 1 à 3. C'est plus que le ratio entre le land allemand le plus riche et le land le plus pauvre, même depuis la réunification ! Le ministère des Affaires étrangères s'en targuait lui-même dans un document paru en 1998 : l'Ile de France concentre à elle seule 30 % du PIB national. La carte d'Europe ci-jointe est à ce titre éclatante.

Avec la même constance, les tenants du centralisme vous objectent que le fédéralisme porte en lui le germe du communautarisme. En somme : vive la France une et indivisible, garante d'un traitement soit disant égalitaire entre les individus et les régions. Là encore, c'est risible. Qu'opposent les Jacobins au communautarisme si ce n'est un communautarisme d'Etat : celui du Français "lambda", "moyen", qui parle le Français officiel, issu de la langue d'Oïl parlée en Ile de France et en Touraine. On a voulu unifier la France en imposant la culture d'une partie de la France, en soumettant des communautés humaines à une autre.

Avec la même force, à ce jour, les cultures régionales sont traitées comme des colonies. La bataille des écoles bilingues en Bretagne en est un parfait exemple.

Le mois dernier encore, l'Inspection d'académie des Côtes d'Armor n'a pas pourvu en poste une classe français-breton à Bulat-Pestivien. Or, l'ouverture de cette filière publique avait pourtant été acceptée, validée avant les vacances d'été. Le projet était soutenu par la mairie. Mieux : il répondait tout à fait à la circulaire 2001-167 de l’Education nationale qui régit la création des classes bilingues.

Tenaces, les parents d'élèves n'ont pas voulu renoncer à cette création. Ils ont fait appel à une enseignante en breton à la retraite. Comment l'Inspection d'académie a-t-elle réagi ? En demandant au sous-préfet d'intervenir pour que la classe cesse, en somme pour chasser cette " classe sauvage " selon les termes mêmes du courrier adressé au représentant de l'Etat, en dépit donc du respect de cette circulaire. Ce qu'oublie de dire l'Inspection, c'est que, dans les Côtes d'Armor, les enseignants sortants d’IUFM avec l’habilitation breton sont obligés d'occuper des postes non-bilingues, faute d'affectation dans une classe en breton !

C'est un exemple parmi tant d'autres. Il y en a des dizaines chaque année en Bretagne. Quasiment aucun n'est couvert par les médias nationaux.

Alors, il y a enfin cet autre argument, toujours sous-jacent en France : vous êtes fédéraliste ? Régionaliste ? Alors, vous êtes un autonomiste, un terroriste régionaliste, impossible de sortir de ce schéma-là alors que partout ailleurs en Europe, chez nos voisins, la norme, si l'on peut dire, est désormais de raisonner de manière fédéraliste, décentralisatrice, régionaliste... Sans arrière-pensée indépendantiste. Mais cela est inconcevable. Non, au lieu de cela, le pays s'engonce de plus en plus dans un repli identitaire franchouillard. On en vient à chasser les enfants immigrés du pays, à moins qu'ils puissent prouver qu'ils ne parlent plus leur langue d'origine dans leur foyer ! Vous imaginez un peu ? Et on s'étonne après que les Français soient "nuls" en langue étrangère ? Et que dire des préfets qui ont pour consigne de traiter les dossiers de régularisation en évaluant l'intensité des relations avec la France et la langue française ?

Si ce n'est pas du communautarisme d'Etat, ça encore...

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