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B u h e z  U r  V a l a f e n n
3 avril 2013

11. "Le crime masqué du résistantialisme" : le drame du Bohurel

 

drame du bohurel

En bas, 3e en partant de la gauche : Désirée Le Mené peu avant sa mort (DR).

Ce fut l'article, pour moi, le plus douloureux parmi la trentaine que j'ai publiée dans la presse écrite sur le Maquis de Saint-Marcel et la reddition de la poche de Lorient, en 2004, à l'occasion du soixantenaire de la Libération. Il revêtit un caractère d'autant plus particulier que le hasard fit que j'avais résidé à cinq cents mètres du lieu du drame quelques années auparavant. Je connaissais bien les lieux, je pus identifier la maison où résidait la victime. Ce drame, qui fit l'objet de nombreux articles au lendemain de la guerre et d'une prise de position du chanoine Desgranges, député du Morbihan, resta malheureusement impuni. Il fut emblématique des atrocités commises au nom de la Résistance. De ce que le chanoine Desgranges appela lui-même "le crime masqué du résistantialisme". 

Si les représailles allemandes furent terribles, au lendemain de la bataille de Saint Marcel, certains méfaits commis au nom de la Résistance ne doivent pas être occultés pour autant, commis en réalité par des individus guère valeureux, associés à ce que certains penseurs ont appelé le résistantialisme. Le drame du Bohurel fut sans conteste le plus effroyable dans la région. Après la Libération, la presse relata longuement cette tragédie qui se déroula en juillet 1944 sur la commune de Sérent dans le Morbihan.

Parce qu'elle aurait refusé les avances d'un soit-disant résistant, une jeune femme et son fils de 12 ans, tous deux accusés sans fondement de collaboration avec l'occupant, subirent les pires sévices. Réfiguée, Désiré Le Mené et son fils, Maurice, avaient quitté Vannes où leur maison avait été détruite par les bombardements. Son mari était prisonnier en Allemagne et la jeune femme avait choisi de retourner vivre à Sérent d'où elle était originaire. Avec son fils, elle avait élu domicile à La Folliette. Avenante, la jeune femme "de la ville" avait rapidement suscité la curiosité d'une partie du voisinage. Surnommée "la poule à boches", la jeune femme faillit, une première fois, être arrêtée par un groupe de trois jeunes. Ces derniers se trompèrent de victime et appréhendèrent la femme... du colonel Morice lui-même, hébergée à La Folliette. Elle fut relâchée après avoir été malmenée. Mais les jeunes ne s'arrêtèrent pas là et s'empressèrent d'arrêter Désirée. Elle fut enlevée avec son fils. De là, ils furent emmenés de force à la ferme de Brancelin où les jeunes, en sa compagnie, s'arrêtèrent boire. Puis, tout le monde se rendit à Tréviet. Le fermier de Brancelin trouvant la situation inquiétante glissa bien à l'oreille de Désirée : "Sauvez-vous, ils vont vous tuer." Mais confiante, celle ci n'en crut rien.

Hélas, une fois rendue à Tréviet, Désirée fut violée par les trois hommes. Puis, le forfait s'acheva au Bohurel où la malheureuse fut étranglée devant son fils. L'enfant fut violenté et mourut la tête fracassée contre un arbre.

Le terrible drame ne fit l'objet d'aucun procès. Des témoins rapportèrent la présence dans le groupe du fils d'un haut résistant. Seul l'étrangleur fut détenu quelques mois en préventive.

Dès 1947, de nombreux journaux s'emparèrent de l'affaire. Dans La Liberté du Morbihan, en 1948, le chanoine Desgranges, député du Morbihan, s'éleva vivement contre ce double crime impuni dans un article intitulé Le crime masqué du résistantialisme. Hélas, cette prise de position ne suffit pas à faire éclater la vérité dans cette affaire.

Xavier Eveillé

A suivre : 12. L'invraisemblable confusion des Allemands à Guillac

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Commentaires
J
il serait important de connaitre l'année ou Madame LE MENE aurait fréquenté les Allemands ( pour son travail ) à la commandature de VANNES , il se pourrait , qu'elle ait fait des rencontres dérangeantes pour ses personnes rencontrées , ce pourrait être le cas pour 1941 / 1942 très important pour la vérité trop tardive de l'AFFAIRE à cette époque ( avant 1943 ) il y avait des fréquentations très équivoques de personnes auprès et à la commandature ( à étudier , à contrôler peut-être ??? ) J . H .
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C
C'est absolument abominable... et la loi du silence qui a entouré ça. De la complicité, oui. Car il y avait nécessairement pas mal de témoins j'imagine. Ou la peur car ces trois personnes avaient peut-être acquis une certaine puissance ou une certaine protection. Lamentable, affreux.
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A
Oui, cette histoire est atroce. Et encore, je n'ai pas cadré la photo qui montre aussi l'enfant un peu plus à gauche. Je trouve ça vraiment terrible d'imaginer comme ça, en le voyant... <br /> <br /> A l'époque de l'article, au moins l'un des trois vivait encore dans la région...
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C
On m'a raconté (mon père en particulier, qui avait 8 ans en 1944) des choses pas terribles sur certains résistants de la ville de mon enfance. Je ne parle pas des résistants de la dernière heure (ça a existé aussi là-bas aussi), mais des résistants qui ont fait des choses pas très nettes. Pas des choses aussi terribles que cette affaire, loin de là. Il faut aussi se rappeler que même les "vrais" résistants étaient loin d'être tous des enfants de chœur. Certains d'entre eux étaient des têtes brûlées et c'est aussi en partie à cause ou grâce à cela qu'ils ont pu obtenir des résultats face aux occupants. Cela n'excuse pas, mais cela contribue à donner des explications. Dans l'usine de mon père, il y avait un "grand" résistant qui était devenu chef et qui ne montra pas le meilleur de lui-même.
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O
Quelle terrible histoire... Il est bon de la rappeler.
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