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B u h e z  U r  V a l a f e n n
26 mai 2013

12. MAQUIS BRETON. 13 juillet 44, l'invraisemblable confusion allemande

 

kergras st servant

 Le centre de jeunesse de Kergras, St Servant sur Oust (en clair, le capitaine Villard).


Suite du dossier sur le maquis morbihannais et la bataille de Saint-Marcel dont les textes sont publiés in extinso.

 

Le 13 juillet, les résistants de la 8e compagnie du 8e bataillon étaient tristes d'apprendre la découverte du PC de Marienne et la fusillade qui en suivit. A cette pénible affaire s'ajoutait quelques heures plus tard la nouvelle de l'arrestation du chef du bataillon Caro. La Gestapo avait promis un million pour la capture du chef terroriste. Mais ce dernier parvint à faire croire qu'il n'était autre qu'un "vieux serviteur colonial devenu marchand de bestiaux, appelé Jean-Marie Caudal".
Il fut relâché l'après-midi. Informés après coup qu'ils venaient de relâcher le commandant Caro, les Allemands, furieux, foncèrent sur toutes les routes. Ils accentuèrent leurs traques contre d'autres chefs de la résistance comme le colonel Bourgoin dit Le Manchot. Ce dernier fut avisé par l'agente de liaison de Marienne, Anne Créquer, que des rafles allemandes étaient en cours. Bourgoin était alors caché au moulin de Guillac en compagnie d'un officier parachutiste, le commandant Pol. Les réunions avec le colonel Morice et le commandant Guimard avaient quant à elle lieu dans une prairie tout près du pont de L'Herbinaye. Le colonel Bourgoin était au moulin de Guillac quand Anne Créquer vint l'aviser des fâcheux événements de la demi journée. Aussitôt, l'équipe rejoignit son poste d'alerte situé sur une petite île au milieu de l'Oust en aval de l'écluse. La précaution s'avéra des plus sages. Les Allermands étaient aux portes de La Ville-Ruault (Anne Créquer fut d'ailleurs arrêtée à sa sortie du village). Ils venaient fouiller toutes les maisons à commencer par la plus éloignée, située près de la rivière. Ce déplacement permit à trois jeunes résistants d'évacuer la salle commune et de gagner des champs de pommes de terre attenants, mais la manoeuvre ne passa pas inaperçue et les Allemands entreprirent pendant des heures, sous un soleil de plomb, une fouille minutieuse du champ. Si les Nazis restèrent bredouilles, ils ne s'arrêtèrent pas là. Une maison occupée par des réfugiés rennais, la famille Villard, attira leurs faveurs, sans se douter que se trouvait là la famille du capitaine Villard, le directeur du centre professionnel de jeunesse de Kergras, également commandant de la 8e compagnie en remplacement du commandant Caro. Il aurait simplement fallu pour cela que les Allemands contrôlent les papiers de son épouse présente dans la maison. Mais une autre personne retint son attention : la présence d'un manchot ! Pour eux, aucun doute, il s'agissait du colonel Bourgoin ! Le manchot fut aussitôt arrêté. 
Témoin de l'enlèvement, une fille du village s'empressa de traverser les champs pour avertir le vrai manchot et ses hommes. La rapidité avec laquelle elle agit leur permit de gagner de précieuses minutes sur les Allemands qui déferlèrent peu après. Les résistants furent transportés sur la barque du fils de l'éclusier sur l'autre rive de l'Oust. Mais l'occupant parvint lui aussi de ce côté. Il n'était plus possible de s'enfuir, le groupe décida de se cacher derrière des buissons. Les bottes allemandes passèrent à quelques pas de Bourgoin et du commandant Brunet puis continuèrent en direction du barrage de Guillac, sans se douter qu'ils venaient de capturer non pas le colonel Bourgoin mais le beau père du capitaine Villard, Alfred Pelaud, manchot... de l'autre bras ! Ce dernier usa de cette méprise. Il savait qu'il pouvait ainsi sauver un autre homme et pouvait en temps voulu prouver sa bonne foi. Le but fut atteint.

"Oui, nous savons, nous connaissons M. Pelaud..."
 
Bourgoin s'échappa. Furieux  du retard pris, les Allemands se vengèrent alors sur Anne Fitamant, une agente de liaison, elle aussi embarquée au moulin avec Eugène et Joséphine Lhopitalier, les enfants du meunier et leur mère. Anne Fitamant fut sévèrement traitée mais répondit sans hésitation. Pour contrôler ses dires, les Allemands l'emmenèrent jusqu'au château de Kergras afin de vérifier son emploi comme infirmière assistante sociale au centre de jeunesse. Ils fouillèrent jusqu'à sa chambre puis se retirèrent confus de ne rien pouvoir lui reprocher. En revanche, une autre résistante n'eut pas autant de chance et fut maltraitée : Madeleine Rolland. Alfred Pelaud, lui, fut interrogé par des civils et des militaires plus acharnés les uns que les autres. Finalement, pour vérifier son identité, les inscriptions intérieures de son alliance furent inspectées. Elles permirent aux Allemands de se rendre à la raison. 
Découragés, ils quittèrent le moulin et l'écluse non sans avoir grenadé la rivière. 
Le beau père du capitaine Villard, Alfred Pelaud, seul cette fois, reprit la route afin de rentrer à La Ville-Ruaud où l'attendaient femme et enfants. Au cours de la nuit, le PC quitta les lieux et prit contact avec les maquis de la 8e compagnie, à La Ville-Ursule, et notamment auprès d'un éminent résistant, M. Desnos, qui abrita "ses clients" quelques temps. Le bruit courut que le manchot était aux environs de Guémené et les Allemands contrôlèrent longuement les environs de l'écluse. Et lorsqu'ils demandaient : "Avez-vous vu un manchot ?", on leur répondait : "Oui, j'en ai vu un à La Ville-Ruault." Les premières fois, cette réponse les fit courir, puis ils répondirent : " Oui, nous savons. Nous connaissons M. Pelaud..."

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