NÉO-BRETONNANT VULGARIS
Qui sommes-nous ? Combien sommes-nous ? Quel niveau de langue avons-nous ? Rares sont en effet les statistiques et les études à notre sujet. Nous sommes un peu comme une nouvelle espèce, tout juste découverte, que les scientifiques (et les chasseurs...) commenceraient à peine à cerner (et à débusquer...) et qui fleurit sur les blogs, les sites, les réseaux sociaux.
Nous sommes LES NÉO-BRETONNANTS. Des Ovnis dans le paysage monolithique linguistique de l'hexagone, mais aussi parfois aux yeux des Bretonnants de naissance eux-mêmes. Nous tentons de parler une langue qui ne nous a jamais été transmise. Certains d'entre-nous ne sont pas même Bretons, mais Parisiens, Anglais, Angevins, Gallois, Vendéens ou Normands... A mesure que le nombre de locuteurs maternels diminue, notre nombre (et surtout notre proportion) augmente. Un phénomène difficile à appréhender tant les profils peuvent être différents : enfants scolarisés dans l'une des 180 écoles, adultes qui suivent des cours du soir, personnes qui apprennent seules dans leur coin, étrangers qui apprennent le breton dans leur pays... Il est très difficile, du coup, d'évaluer le nombre réel de néo-locuteurs. Mais une chose est sûre : les néo-bretonnants sont l'avenir du breton. Car la transmission naturelle de la langue a été brisée vers la moitié du XXe siècle créant un "trou générationnel" qui n'a pas appris la langue et ne l'a pas transmise à la génération suivante.
Une autre certitude apparaît : le niveau de la langue oral s'appauvrit. Malgré nos efforts, notre bonne volonté. La richesse syntaxique de nos aïeux va s'éteindre avec eux. La langue bretonne va vers une certaine standardisation.
Dans le même temps, ce phénomène s'accompagne d'une amélioration du niveau de langue écrit. C'est tout le paradoxe actuel : les bretonnants de naissance qui ont appris oralement le breton ne savent pas souvent l'écrire. Et à l'inverse, il n'est pas rare que des "néo" soient plus à l'aise à l'écrit qu'à l'oral.
Autre constat assez surprenant de cette nouvelle donne : les enfants bilingues ont souvent un niveau supérieur à celui de leurs parents. Logique en même temps, quand on sait que la majorité des parents qui scolarisent leurs enfants en filière bilingue ne parlent pas le breton...